L’une des photographies les plus connues de Jacques Chirac, n’en déplaise à nos amis transporteurs ou autorités organisatrices des transports, est celle où on le voit sauter, un jour de 1980, alors qu’il est maire de Paris, par-dessus un portillon automatique de RER de la station Auber. Allons ! Un tel homme ne saurait être mauvais. On lit dans cette photo de circonstance un côté râleur, frondeur, dans lequel aiment bien se reconnaître les Français…
On serait sinon bien en peine de dire quelle fut la politique des transports de Jacques Chirac, décédé ce 26 septembre. Maire de Paris depuis 1977 et jusqu’en 1995, il crée en 1990 des axes rouges, où le stationnement est interdit pour fluidifier la circulation automobile. Un slogan accompagne la mesure : « Paris veut rouler, on va tous l’aider ». Pendant ce temps, les couloirs de bus se font attendre, et c’est avec son successeur Jean Tibéri que commencera la construction de pistes cyclables. Chirac, c’est vrai, aura créé les moto-crottes, qui lui auront plutôt valu des plaisanteries.
Les années de pouvoir de Chirac, premier ministre de 1974 à 1976, puis de 1986 à 1988, et président de la République de 1995 à 2007, sont d’abord celles d’un développement et d’un achèvement du réseau autoroutier dans la lignée pompidolienne. Peu de temps après son élection à la présidence de la République, le gouvernement Juppé aura droit à une grande grève des services publics, particulièrement forte chez les cheminots où l’on se bat à la fois contre la réforme en vue des régimes des retraites et pour empêcher la mise en œuvre d’un contrat de plan avec l’Etat honni, liant le désendettement de la SNCF aux suppressions d’emploi.
Meteor
En octobre 1998, Jacques Chirac inaugure le métro automatique Meteor, ligne 14 du métro parisien, et en juin 2001 le TGV Méditerranée. Il serait aventureux d’y voir une conversion du président aux vertus du transport public ou ferroviaire. C’est plus simplement le signe que les temps changent. Juste avant la fin de son second mandat, Dominique de Villepin, Premier ministre, décide la privatisation des autoroutes, erreur très coûteuse qu’a sévèrement critiquée la Cour des comptes en 2013. A la même époque Chirac sera mieux inspiré en créant, avec le président brésilien Lula, une taxe sur les billets d’avion, destinée à financer l’achat de médicaments pour les pays en voie de développement.
Protocole de Kyoto
Là où, semble-t-il sa conviction est faite, c’est sur la gravité du réchauffement climatique. C’est lorsqu’il est président de la République qu’est signé, le 11 décembre 1997, le protocole de Kyoto, premier accord international qui vise à la réduction des gaz à effet de serre. Et c’est Jacques Chirac qui prononce au sommet de la terre de Johannesburg, en 2002, la célèbre formule « notre maison brûle et nous regardons ailleurs », dans un discours qui doit beaucoup à Nicolas Hulot, son conseiller pour l’environnement. Grand discours dans lequel Chirac dit encore : « Nous ne pourrons pas dire que nous ne savions pas. Prenons garde que le XXIe siècle ne devienne pas pour les générations futures, celui d’un crime de l’humanité contre la vie. » Jacques Chirac n’a sans doute pas été un visionnaire. Il serait singulier qu’un homme politique le soit. Au moins n’a-t-il pas été aveugle.