C’était le plus important appel d’offres jamais lancé dans l’histoire des chemins de fer suisses, en mai 2020, et il a été remporté par Stadler, qui devra livrer 286 nouvelles rames automotrices du type Flirt pour le trafic régional aux CFF (155 rames plus 174 en option), ainsi qu’à leurs filiales Thurbo (107 plus 40) et RegionAlps (24 plus 10). Ces rames représentent une tranche ferme, évaluée à environ deux milliards de francs suisses (soit plus de 1,8 milliard d’euros), dans un contrat-cadre portant sur un maximum de 510 rames automotrices à un niveau.
Selon les CFF, Thurbo et RegionAlps, qui ont reçu les dossiers des trois soumissionnaires à la fin avril, Stadler a présenté « la meilleure offre en termes de qualité et de rentabilité », face aux propositions d’Alstom et de Siemens. Ces derniers disposent d’un délai de recours de 20 jours à compter du 5 octobre, au terme duquel ce contrat pourra être conclu.
Par rapport aux trains régionaux actuels, indiquent les CFF, les futurs Flirt « offriront davantage d’espace pour les vélos, les poussettes et les bagages volumineux. De plus, ils permettent une bonne réception des données et de la téléphonie mobile, et tous leurs compartiments sont munis de prises électriques. Ils respectent les directives relatives aux personnes à mobilité réduite. Chaque composition offre deux places pour les personnes en fauteuil roulant, ainsi que des WC qui leur sont accessibles. »
Les premières de ces nouvelles rames automotrices, qui devront être homologuées pour la Suisse, l’Allemagne et l’Autriche, devraient être mises en service à partir de décembre 2025. D’ici 2034, les nouvelles rames Flirt devraient permettre d’unifier les parcs CFF, Thurbo et RegionAlps, qui comprennent actuellement des matériels assez variés (automotrices Nina, Domino et Flirt de première génération, automotrices articulées, rames tractées).
Stadler précise que les nouvelles rames seront entièrement fabriquées à Bussnang, avec une part suisse de la valeur ajoutée d’environ 75 %.
Cet article est tiré du numéro 3857 de La Vie du Rail.
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Pour le moment, c’est le fabricant ferroviaire suisse Stadler Rail qui a tiré le gros lot aux CFF en défiant ses deux redoutables adversaires (Alstom et Siemens). Cela n’a pas surpris beaucoup d’experts dans le domaine puisque les CFF ont commandé une grande quantité du même matériel pour assurer la compatibilité dans sa flotte de trains régionaux. De plus, l’offre de Stadler semblait être la meilleure par rapport aux critères d’attribution (coûts d’exploitation, sécurité et qualité).
Grâce aux CFF (en association avec Thurbo et RegionAlps), Stadler a ainsi remporté un autre appel d’offres international pour ses célèbres rames automotrices électriques FLIRT [abréviation de l’allemand Flinker Leichter Intercity -undRegional- Triebzug, qui signifie « unité multiple interurbaine et régionale rapide et légère »] à un niveau. En tenant compte de l’accord-cadre pour les CFF, Stadler a maintenant vendu son véhicule le plus réussi plus de 2500 fois dans 20 pays du cercle polaire arctique à l’Afrique.
Parmi les perdants de ce contrat colossal des CFF avec Stadler Rail (qui est en pleine ascension), Siemens reste silencieux, tandis qu’Alstom contre-attaque! Fin octobre, le groupe multinational français a déposé un recours auprès du Tribunal Administratif Fédéral (TAF) contre l’attribution à son concurrent suisse d’une grosse commande de trains pour les liaisons régionales. Le contrat en question, d’un montant d’environ 1.9 milliard d’euros, est d’une grande importance pour Stadler Rail. En septembre dernier, l’entreprise suisse a perdu un contrat de 3 milliards d’euros en Autriche en raison d’un problème formel de signature numérique non reconnue dans ce pays. Il est maintenant temps d’attendre d’éventuels nouveaux développements!
À l’origine, l’appel d’offres conjoint des CFF, de Thurbo et de RegionAlps portait sur 194 nouvelles rames de Stadler. Leur nombre a été porté à 286 lorsque les entreprises ferroviaires ont fixé leur zone d’exploitation de manière définitive, en accord avec la Confédération et les cantons. C’est sûrement la seule manière de remplacer tous les trains destinés à être réformés au terme de leur durée de vie.