La cause immédiate du déraillement de Brétigny est une pièce qui n’avait rien à faire là où elle se trouvait : une éclisse qui, après avoir pivoté au début du passage du train, s’est retrouvée, à quelques dizaines de centimètres de son emplacement normal, retournée dans le cœur d’une traversée jonction double. C’est dans cet appareil de voie, qui permet aux trains de changer de voie ou aux voies de se croiser, que l’éclisse retournée a fait office de tremplin pour les roues des certaines voitures du train accidenté.
Destinées à assurer un assemblage boulonné entre deux rails successifs (ici très près du cœur de la traversée jonction double où s’est produit le déraillement), les éclisses sont de courtes pièces métalliques plates qui ne sont en aucun cas destinées à bouger et n’ont rien à faire ailleurs qu’au passage d’un rail à l’autre. Pour autant, il peut arriver que la voie bouge au passage des trains, ce qui peut provoquer un desserrement des boulons d’éclisses, qui ici auraient dû être au nombre de quatre. Et pour aller jusqu’au pivotement d’une éclisse, il a fallu que trois de ses quatre boulons soient sortis de leur logement et que la tête du quatrième boulon ait rompu. Extrêmement improbable, et pourtant…