Ne dites plus « Groupe Eurotunnel », mais « Getlink » ! Ce changement de nom a pris effet dès son annonce, le 20 novembre. « Ce nouveau nom, qui évoque la dynamique des échanges et des liens, marque l’entrée du groupe dans une ère nouvelle d’infrastructures de mobilité », indique Getlink dans son communiqué. On y reconnaîtra l’anglais « link » (qui symbolise le lien fixe), alors que « Get » – prononcer avec un « g » – marque la « continuité avec l’existant », selon le PDG Jacques Gounon dans sa lettre aux actionnaires, GET étant et restant le code boursier du Groupe sur Euronext à Paris et Londres.
Pourquoi ce changement fin 2017 ? Si les médias britanniques y voient le choix d’un nom à sonorité anglaise pour la « préparation au post-Brexit », Eurotunnel nous précise que « le Brexit n’est pas vraiment une raison, mais il est vrai que ce nouveau nom Corporate peut auprès des investisseurs nous aider à se débrexiter ». Et de rappeler que sans chercher à faire oublier les feuilletons boursiers du passé, il s’agit « plutôt de montrer que l’on est revenu de loin, que la recovery est belle avec 580 millions d’euros de dividendes versés depuis 2009, que l’on regarde maintenant vers l’avant avec optimisme et confiance ». Et question timing, « ElecLink [interconnexion électrique transmanche] a été lancé en février dernier et une partie de la dette renégociée en mai dernier : le moment était donc opportun pour changer de nom et marquer le coup ».
Par tous ces aspects et bien d’autres, le groupe exploitant le tunnel sous la Manche n’est effectivement plus du tout le même qu’il y a une dizaine d’années et son changement de nom reflète la diversification opérée depuis : fret ferroviaire sous l’appellation Europorte, ElecLink (voir ci-dessus) et centre de formation ferroviaire Ciff co. Toutefois, les navettes transmanche via le lien fixe continueront de porter les marques Eurotunnel Le Shuttle et Eurotunnel Le Shuttle Freight.
Employeur de quelque 3 300 personnes, Getlink transporte chaque année plus de vingt millions de passagers (moitié dans les navettes Eurotunnel, moitié par Eurostar), 1,6 million de camions, 2,6 millions de voitures « et bientôt 1 GW d’électricité » sous la Manche ; il est également le premier opérateur privé de fret ferroviaire en France avec près de deux milliards de t-km de marchandises. Enfin, le groupe affiche « un chiffre d’affaires de plus d’un milliard d’euros, une marge opérationnelle de 50 % et des cash-flows prédictibles jusqu’en 2086 », précise Jacques Gounon.