Ancien temple de la vapeur dans le Nord de Paris, l’ancien dépôt de la Plaine est désaffecté depuis 24 ans. Les imposantes friches industrielles de ces « Cathédrales du rail » vont bientôt accueillir un musée, un parc arboré et un écoquartier.

À Saint-Denis (93), entre le faisceau ferroviaire nord et l’avenue du Président Wilson, les immenses Cathédrales du rail qui s’élèvent le long des voies derrière la porte de la Chapelle représentent les derniers vestiges du dépôt de la Plaine. Mis en service par la Compagnie du Nord en 1874, le dépôt assurait notamment la maintenance des locomotives à vapeur de la compagnie.

La plus grande cathédrale a été édifiée en 1920 et équipée d’imposants ponts de levage. A partir de 1938, la SNCF utilise à son tour ces installations qui s’étendent sur six hectares pour assurer la maintenance de ses trains. En 1939, près de 1 200 cheminots y entretenaient quelque 130 locomotives à vapeur. Un bombardement des forces alliées en avril 1944 ravage les installations. Reconstruit après-guerre, le dépôt de la Plaine se développe à nouveau avec la création de sa petite cathédrale et de ses cinq nefs, au début des années 1950. Cette longue histoire ferroviaire s’est terminée en 1990 avec la fin des activités de maintenance. Progressivement, la plupart des installations ont été détruites, le faisceau de rail déferré. Seules les deux halles, dont les façades et les toitures sont protégées, demeurent toujours debout.

Le 24 janvier dernier, Jean-Pierre Farandou, président directeur général du Groupe SNCF et Mathieu Hanotin, maire de Saint Denis et président de l’Établissement public territorial Plaine Commune, ont désigné le lauréat d’un projet urbain de régénération de cette friche industrielle qui devait « mettre en valeur un patrimoine ferroviaire exceptionnel porteur du passé industriel dionysien ».

Lancé en juillet 2021, cet appel pour un nouveau projet urbain à « très forte dimension culturelle » sur le site des Cathédrales du rail à Saint-Denis a donc trouvé son champion. Le groupement Eiffage Aménagement et Aire Nouvelle, la filiale immobilière bas carbone d’Equans France, a été choisi pour son projet de quartier « écoresponsable et culturel précurseur, ouvert sur la ville et le paysage ».

Avant de lancer la réhabilitation des halles construites en béton armé à remplissage de briques, couvertes de voûtes et de charpentes également en béton, il faudra d’abord dépolluer le site. Inscrites en 2004 à l’inventaire supplémentaire des Monuments historiques, les deux impressionnantes halles devraient donc accueillir « l’Aérosol Saint Denis », un musée dédié aux cultures urbaines.

Derrière ce projet ambitieux, l’association Maquis-Art qui oeuvre à la promotion du graffiti et qui avait ouvert un tiers-lieu, et le collectif Hip Hop Citoyens, une structure qui organise depuis 15 ans des évènements autour de la culture hip hop. Mathieu Hanotin se félicite de la création de ce nouveau lieu culturel dédié à une culture, dont Saint-Denis est l’une des capitales. « La Ville de Saint-Denis et le territoire de Plaine Commune continueront d’incarner la culture hip-hop et d’être le centre de gravité des cultures urbaines en écho avec le projet de la Street Art avenue, le projet de reconversion de la patinoire de Saint-Ouen-Sur-Seine comme de tant d’autres. Ce projet de ville participera au renouveau urbain de la Plaine de France », affirme le maire. En plus de ce nouveau lieu culturel, le site devrait accueillir le « Parc des Cathédrales, » un espace vert de 1,7 hectare où 650 arbres devraient être plantés. Mais également 650 logements, une crèche, divers services et commerces verront le jour sur cette surface d’environ 5 000 m2.

👉 Cet article est tiré du numéro 3923 de La Vie du Rail.     

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