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Suicides de cheminots. Effet Orange, effet Werther

13 avril 2017
- -
Par : Chantal Blandin

Face à de récents suicides à la SNCF, les syndicats dénoncent des pressions managériales. La direction de l’entreprise se refuse à les commenter évoquant le risque de contagion psychologique.

Quelques jours après le suicide d’Édouard Postal dans la nuit du 10 mars gare Saint-Lazare (lire LVDR n° 3616 du 24 mars et n° 3617 du 31 mars 2017), un autre cheminot a mis fin à ses jours le 16 mars. Non pas sur son lieu de travail mais en rentrant chez lui dans les environs de Mulhouse.

Il était aussi délégué du personnel et comme Édouard Postal en conflit de longue date avec sa hiérarchie. Récemment, Frédéric Hein avait été accusé du vol d’un vélo laissé sur un chantier par un collègue. Ce dernier, après avoir porté plainte l’avait retirée. Michel Mann, responsable local de la CGT Cheminots – le syndicat dont Frédéric Hein était adhérent – a expliqué à la presse qu’il n’en a pas moins fait l’objet à la suite des faits d’une demande d’explication écrite, un 7P1 comme on appelle cette procédure hiérarchique à la SNCF. Et que le matin de son geste, il devait encore passer en conseil de discipline. Père de famille, il travaillait à la maintenance du Matériel à l’Établissement de Mulhouse- Nord comme agent d’exécution. La police a ouvert une enquête et un CHSCT extraordinaire s’est réuni dès le lendemain de sa mort en présence de l’inspection du travail.

Deux suicides la même semaine. Deux syndicalistes élus. Tous deux menacés de sanctions : comme SUD-Rail pour le cas d’Édouard Postal, la CGT Cheminots lie ces suicides à des pressions de la hiérarchie locale. Mais au-delà, les deux organisations syndicales dénoncent des « méthodes managériales agressives » dans un contexte de recherche de gains de productivité affichée et de suppressions de postes. Pour Cédric Robert, porte-parole de la fédération CGT de cheminots, « il faut évidemment rester mesuré dans des situations individuelles qui peuvent être compliquées, mais force est de constater que certains cadres ajoutent de la pression à la pression. Ceci dans une entreprise qui depuis deux ans et demi et la mise en place de la réforme ferroviaire fait vivre aux cheminots des réorganisations permanentes ». Il décrit « des instances représentatives du personnel qui, chaque mois, sont mises devant des dossiers de restructuration. Tout cela, poursuit- il, génère de la souffrance au travail. Y compris parmi l’encadrement chargé de les mettre en oeuvre ». Et d’ajouter : « il faudrait pouvoir quantifier aussi le nombre d’arrêts de travail de plus ou moins longue durée pour dépression ou burn-out dus à ces mouvements incessants. »

Tout cela irait-il jusqu’à une recrudescence significative des suicides à la SNCF ? SUD-Rail n’hésite pas à dire qu’il redoute une sorte de sinistre « effet Orange ». On se souvient qu’entre 2006 et 2010, chez France Telecom, des restructurations brutales – déplacements de salariés et départs forcés concernant une personne sur trois – avaient provoqué au moins 60 suicides en trois ans. Et conduit les dirigeants de l’entreprise eux-mêmes devant la justice pour harcèlement moral.

À la SNCF, a-t-on des données ? « En l’absence de chiffres, c’est difficile à dire », doit reconnaître Cédric Robert. Depuis dix ans, la SNCF n’en publie plus aucun. Les dernières statistiques sur le nombre de suicides d’agents datent de 2009 selon SUD-Rail. Et elles concernent seulement ceux qui sont survenus sur leur lieu de travail. Elles faisaient état de 13 cas dans l’année.

Face aux réactions syndicales, devant ces deux nouveaux drames qui alimentent l’inquiétude, la direction de la SNCF ne fait d’ailleurs aucun commentaire public. « Dans de tels cas, démêler l’intime et le travail est souvent difficile », nous a toutefois expliqué un proche de la direction. « L’entreprise se refuse à commenter les enquêtes en cours. » Et d’évoquer aussi ce qu’on appelle « l’effet Werther ». Autrement dit le risque de contagion psychologique. Parler des suicides dans les médias contribuerait à en provoquer d’autres. On parle même de « grappes de suicides ». L’OMS en 2008, publiait à l’intention de toutes les instances concernées une recommandation de prudence dans la communication. L’effet Werther est une notion qui remonte aux travaux en 1982 d’un sociologue américain David Philipps. Il doit son nom à un roman de Goethe Les souffrances du jeune Werther dont la publication avait entraîné en Europe une vague de suicides de jeunes gens mettant fin à leurs jours comme le héros du livre.

C’était à l’époque romantique. Aujourd’hui, « ça ne dispense en rien de s’interroger sur la politique managériale de l’entreprise », commente Cédric Robert. Et il rappelle que « la CGT a réclamé à la direction une table ronde pour engager le dialogue sur la situation sanitaire des cheminots ».



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