C’est une page qui se tourne. La boutique SNCF du boulevard Magenta, à
Paris, a fermé ses portes aujourd’hui, à 15h30 exceptionnellement, au
lieu de 19h. Mais surtout définitivement. Une affichette scotchée sur la
porte prévient les clients, les nouveaux comme les habitués. Et des
familiers, il y en a. Chacun d’eux y va de ses regrets de devoir
désormais s’adresser à la gare de l’Est, à quelques pas. « C’est moins
agréable », commente l’un deux, en achetant ses derniers titre de
transports. « Certains sont devenus presque des amis », confie
Françoise* l’une des trois agents commerciales en poste dans cette
boutique. Elle Seule connaît sa prochaine affectation, le SAV. Les deux
autres ne savent pas où elles iront. Stéphanie* attend une réponse, le
1er juin. « je préfère ne pas vous le dire. Sinon, j’ai peur que ça ne
marche pas. Je suis superstitieuse ». Nathalie*, elle, a demandé une
mutation en province. En attendant de trouver un poste dans la région
qu’elle souhaite, elle fera des remplacements. « Mais vous gardez votre
travail, au moins ! », tente de relativiser un client. « Je suis
entièrement d’accord avec vous ! », reconnait Françoise. Malgré tout,
l’heure n’est pas à la plaisanterie. Quitter un poste est toujours un
moment difficile. D’autant plus qu’elles n’’ont pas choisi de partir.
Elles ont appris cette décision en décembre dernier.
Pourtant la
boutique Magenta avait fait l’objet d’une rénovation en 2013. Le nouvel
aménagement devait être l’exemple à suivre qui devait être décliné dans
d’autres boutiques. Mais cela ne l’a pas sauvée. La faute à la proximité
de la gare de l’est, à moins de cinq minutes, il est vrai. La faute à
un loyer élevé. Et à une fréquentation pas suffisante pour couvrir les
frais. « On sert tout de même plus d’une centaine de clients par jour »,
estime Nathalie*. La faute enfin et surtout à la vente dématérialisée,
autrement dit par internet. Un canal d’achat que les clients de la
boutique Magenta, en majorité âgés, ne sont pas près d’emprunter. Ils
appréciaient le contact direct, sans vitre et sans hygiaphone comme en
gare, les visages familiers, et les sièges pendant que la transaction
s’effectue. Ils devront s’y faire parce près de 70 boutiques comme
Magenta vont disparaître. Ou des guichets Grandes lignes, dans des gares
de banlieue. Certains clients devront prendre le train pour aller
acheter un billet de ce type dans les quelques rares gares où les
guichets existeront encore.
* les prénoms ont été modifiés.