Plusieurs projets de lancement de trains de luxe ont été annoncés ces derniers mois. Ces trains font toujours rêver, mais ils ont connu un destin compliqué au XXe siècle. Ils nécessitent de lourds investissements et doivent attirer une clientèle prête à payer le prix fort.
Au lendemain de la première guerre mondiale, le chemin de fer est menacé par l’automobile et le camion dès 1918, mais aussi l’avion dès 1925, qui écrèment les meilleurs trafics. Dès les années 20, l’Orient- Express est un train presque vide, et ses voyageurs les plus heureux sont les employés de la CIWL qui peuvent occuper des compartiments vides, la nuit, au lieu de dormir suspendus à des hamacs ou assis, jambes étendues, sur des banquettes rabattables présentes dans les couloirs des wagons.
Les voyageurs sont dans un « entre-soi » d’une élite qui a du temps à perdre pour ses déplacements, qui déteste l’avion et les longs trajets par la route, qui a le mal de mer, qui est avide de voyages paisibles au coeur de paysages romantiques.
Les réserves de vins fins du wagon-restaurant sont réputées et la CIWL met des bouteilles un peu partout, dans les réserves, les armoires, dans le moindre espace disponible dans la cuisine. L’ivresse qui plane un peu partout n’est pas seulement provoquée par les paysages…
Un autre ennemi arrive alors : la crise économique dans les années 20 et 30. Celles qui suivent la seconde guerre mondiale laissent un sursis au chemin de fer car il est, faute de carburant et de pneumatiques, le seul moyen de transport possible. Une fois la paix revenue, on oubliera les services rendus, et on aura la mémoire courte en oubliant que le rail a contribué à sauver la nation. Le chemin de fer ne s’en tirera désormais qu’en jouant sur la vitesse et la sécurité. Les essais à 331 km/h en 1955 préparent la venue du TGV qui se fera trois décennies plus tard. L’Orient-Express est considéré comme dépassé dès la fin des années 30 quand, par exemple, l’Allemagne préfère une politique de rames automotrices diesel qui, à 150 km/h, font une sévère concurrence à l’avion.
En plus de l’Orient-Express, trois trains différents portaient ce nom : Ostende-Orient-Express, Simplon-Orient-Express et Arlberg-Orient- Express, composés de voitures directes de terminus à terminus et aussi de « tranches » formées d’une ou plusieurs voitures rejoignant le train en cours de route à partir d’une ville importante située en dehors du trajet, ou quittant le train en cours de route pour une ville importante située en dehors du trajet. Notons qu’il y a eu, très exceptionnellement, une voiture-salon incorporée dans le train et provenant d’un autre train CIWL pour un bref parcours sans accès à l’Orient-Express ; et deux cas sont connus : Milan – Venise et Bâle – Vienne.
Bien sûr, il est beaucoup plus facile de déclasser un train de voyageurs que de le remettre sur les rails!
Après son exécution par plusieurs meurtriers, l’Orient-Express doit être ressuscité au plus vite possible et maintenu en vie avec un soin particulier désormais!