Après le métro automatique de Dubai, s’annoncent ceux de Riyad et de Doha. Les tramways aussi s’imposent, du Maghreb à la péninsule arabe. Dans une zone qui a vécu de l’économie du pétrole, et qui connaît aussi la guerre et les destructions, de nombreux pays se transforment, bâtissent de grandes infrastructures, métamorphosent leur économie, repensent les villes à l’aide du transport public moderne. Les grands groupes mondiaux industriels ou de services sont présents. Les Français ne sont pas les derniers. Et pas les seuls.
Le 9 septembre 2009, Dubai inaugurait sa première ligne de métro automatique. Un système conçu par l’ingénierie française Systra, construit par un groupement japonais mené par Mitsubishi, exploité par le britannique Serco. Une réalisation décisive. On s’est dit : maintenant que Dubai s’est lancé dans le métro automatique, toute la zone va être tentée de basculer. Dans le métro automatique, ou au moins dans le transport public moderne. Et c’est en cours. L’Arabie saoudite se dote d’un réseau de bus à Riyad et y construit son métro automatique, le Qatar construit le sien à Doha, Dubai prolonge sa ligne pionnière. Les tramways aussi partent à la conquête de la zone. Tramway de Dubai encore, déjà en service, ou de Doha, en construction, et, à l’ouest, tramways d’Algérie ou du Maroc dont une bonne partie circule déjà… La région, appelée par convention Mena, qui s’étend du Maghreb à l’Iran, change. Pas aussi vite qu’on l’escomptait. Certains projets sont suspendus ou retardés. Mais rapidement tout de même. Et en profondeur. Comme dit Denis Laroche, directeur commercial activité Transport de Thales : « Il y a deux ou trois ans, on s’attendait à une croissance très forte. Elle n’aura pas lieu à la vitesse qu’on imaginait, mais les projets prévus dans la région se réaliseront. Notre conviction, c’est que cela ne va pas s’arrêter. » Ce n’était pas simple. Les prix de l’essence, très faibles dans la plupart des pays de la zone, n’incitent pas les habitants au report modal. Et la faiblesse des cours du pétrole ne permet pas de dégager les financements. Le constat est simple. Le baril était à 100 dollars en 2014, après avoir plafonné à 110 les trois années précédentes, à 50 dollars en 2015, et à 40 au moment où nous écrivons. Or, c’est une source essentielle de financement.
Inventer une économie post-pétrole
Malgré la difficulté, bon nombre de pays « pétroliers » font le choix d’investir dans le transport. Les grandes villes sont victimes de la congestion automobile. Et un pays comme l’Arabie saoudite, dont la population est en forte croissance (30 millions d’habitants dont 20millions de nationaux), doit impérativement inventer une économie post-pétrole, pour ne pas se trouver un jour avec des centaines de milliers de chômeurs que la rente de l’or noir ne suffira plus à aider. D’où le plan Vision 2030, arrêté cette année par le roi Salmane.