Après avoir été restaurées, les boiseries de la gare de Limoges-Bénédictins, classées aux Monuments historiques, sont enfin de retour sous la coupole de celle qui a été sacrée “plus belle gare de France” en 2022. Cette réinstallation réjouit l’association Historail, qui a participé au sauvetage de ces exceptionnels éléments de patrimoine.
Le grand hall de la gare des Bénédictins à Limoges, classée monument historique, a retrouvé une partie de ses boiseries Art déco. Construites en 1929 en iroko, un bois exotique, elles enchâssent de nouveau l’immense carte touristique peinte sur toile, oeuvre du maître verrier limougeaud Francis Chigot (qui a également dessiné tous les vitraux et les verrières de la gare) et les porcelaines créées par le céramiste limousin Camille Tharaud. L’Atelier Blanchon, Entreprise du Patrimoine Vivant basée à Limoges, a procédé à la restauration et la pose des boiseries (6,40 mètres de haut, 5 mètres de large) dessinées par l’architecte du P-O, Louis Brachet (on lui doit également les gares de Nérisles- Bains, de Gentilly et de la Cité universitaire à Paris). Cette oeuvre d’ébénisterie, qui dissimulait autrefois la machinerie du monte-charge destiné aux bagages des voyageurs, formait une continuité avec les portes des guichets : la géométrie, le relief des colonnes, le chapiteau ouvragé en font un très bel échantillon de l’époque Art déco. « Les travaux de restauration ont duré deux ans et demi. Le bois d’origine était sain – l’iroko est un bois dur et imputrescible –, mais il a fallu nettoyer l’ensemble, réparer certains endroits et remplacer plusieurs pièces qui étaient très endommagées », explique Jacques Ragon, président de l’association Historail, désignée maître d’ouvrage délégué du chantier par la SNCF.
Depuis le 19 décembre, la carte touristique “Limousin Marche Quercy Périgord” trône donc à nouveau en majesté dans le grand hall fréquenté par les Limougeauds et les voyageurs. Cela coïncide avec la réouverture de l’ancien buffet de la gare (lire ci-contre). Il manque encore les trois mosaïques de porcelaines, composée de 1 100 carreaux. En effet, leur restauration s’est avérée plus compliquée que prévu pour retrouver des couleurs identiques du fait de l’impossibilité de recourir à certains oxydes désormais interdits, comme le plomb et le jaune d’uranium appauvri. De plus, il manquait 400 carreaux. La fabrication des nouvelles pièces a été confiée à la manufacture La Fabrique, et leur émaillage au porcelainier Couty. Les porcelaines devraient couronner le chef-d’oeuvre dans les premiers mois de 2024. « L’inauguration pourrait avoir lieu au moment des Journées européennes des métiers d’art (2-7 avril 2024) auxquelles nous serons associés », prévient Jacques Ragon.
Déposé à la fin des années 1970, mis de côté par des cheminots soucieux de leur patrimoine, conservé “clandestinement” grâce à l’association Historail durant toutes ces années, l’ensemble décoratif a pu être restauré puis réinstallé grâce à plusieurs partenaires : la Drac Nouvelle-Aquitaine, la délégation du Limousin de la Fondation du patrimoine. De plus, Gares & Connexions et la Ville de Limoges accompagnent le projet. Le public a fait des dons à travers une souscription en ligne qui donne droit à une réduction de l’impôt sur le revenu. Cependant, il reste encore à trouver 36 000 € environ. « Chacun, particulier ou entreprise, peut contribuer au financement participatif selon ses moyens : la souscription se poursuivra jusqu’au 31 mars 2024 », annonce Historail. Pour contribuer au projet : https://www.helloasso.com/associations/ historail/collectes/prenez-votre-billetpour- 1929 ou envoyer un chèque à : Historail, « Prenez un billet pour 1929 », 18 rue de Beaufort, 87400 Saint-Léonard-de-Noblat.
La gare de Limoges-Bénédictins est la principale des deux gares de la commune de Limoges, dans le département de la Haute-Vienne, en région Nouvelle-Aquitaine.
Principal nœud du Limousin, avec 1,6 million de voyageurs annuels, elle est située au cœur d’une étoile ferroviaire à huit branches, au carrefour de quatre lignes la reliant à Paris via Châteauroux et Orléans, Toulouse via Brive et Montauban, Poitiers via Le Dorat, Angoulême et Périgueux.
Ouverte au service du fret, elle est desservie par les trains des réseaux Intercités et TER Nouvelle-Aquitaine.