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28) Il y a 4 ans. La gare du Nord fête ses 150 ans
Cent cinquante ans et pas une ride ! Et pourtant, que de kilomètres et d’innovations parcourus depuis l’ouverture de la gare du Nord à Paris en 1864… La plus importante gare d’Europe fête son anniversaire cette année et ouvrira ses coulisses pour une visite guidée inédite le 4 juin prochain. Un rendez-vous à ne pas manquer pour découvrir l’histoire de ce joyau d’architecture voulu par la Compagnie du Nord du baron de Rothschild et classé monument historique.
Elle fête ses 150 ans en affichant sa superbe au coeur du Xe arrondissement de Paris… depuis sa construction en 1864, la gare du Nord affiche des dimensions triomphales, pour ne pas dire monumentales : sa façade fait 160 mètres de long, sa grande halle 38 m de haut et 200 m de long. À l’occasion de ce 150e anniversaire, surfant sur la vague de l’intérêt du public pour le patrimoine, la SNCF propose la visite guidée, inédite, de la gare le 4 juin prochain (après une première, organisée le 12 mai). Tout au long de cette visite inédite de la plus importante gare d’Europe, qui est inscrite aux Monuments historiques depuis le 15 janvier 1975, les visiteurs seront accompagnés par Clive Lamming, historien des chemins de fer et conseiller historique pour les décors ferroviaires du film de Martin Scorsese, Hugo Cabret (2011). Pour enrichir ses propos, deux responsables de la SNCF, grands connaisseurs de la gare du Nord, interviendront également lors du parcours et permettront d’entrer dans des lieux étonnants.
Coulisses et secrets de la gare du Nord
Guidés par ces trois spécialistes, les visiteurs découvriront des lieux historiques et cachés en commençant par la mezzanine du hall Londres, la galerie de l’unité Gare, dont les bureaux occupent les anciennes chambres de l’hôtel créé autrefois dans la gare, avec ses moulures, ses luminaires et ses vitrages d’époque. Mais l’accès aux toits de cette galerie, avec une vue inédite de la gare, juste sous l’horloge centrale, sera sans nul doute le point d’orgue de la visite…
Cette déambulation commentée sera agrémentée de documents historiques (plans, gravures, photographies ferroviaires), anecdotes et commentaires sur les transformations architecturales opérées autour de ce bâtiment, qui a pris la suite d’un premier embarcadère créé en 1846. La visite se terminera rue du Faubourg-Saint-Denis avec un mur végétal d’un immeuble de la SNCF, et devant le marché Saint-Quentin qui, de par sa structure métallique, rappelle la gare. Seule en son genre à Paris, la gare du Nord dissimule sa façade imposante derrière un rideau d’immeubles. Construit en 1846 sur les terrains du clos Saint-Lazare par l’architecte Léonce Renaud, le premier embarcadère de la ligne Paris – Amiens – Lille, exploité par la Compagnie du Nord, orgueil du baron James de Rothschild, s’avéra très vite trop étroit. La façade fut donc démontée, transportée par train et remontée… à Lille où elle est toujours visible (façade de la gare de Lille- Flandres) et fait la fierté des Lillois.
En 1861, un projet monumental
L’un des plus grands noms de l’architecture du XIXe siècle, Jacques-Ignace Hittorff , passionné d’architecture grecque, fut donc chargé en 1861 par Rothschild de réaliser une nouvelle façade longue de 160 mètres, dans ce quartier remodelé par Haussmann. Néoclassique, la « deuxième » gare comprend un bâtiment central, flanqué de deux halles. Le corps principal est constitué de trois immenses baies cintrées vitrées, séparées par d’imposantes colonnes jumelées surmontées de chapiteaux ioniques.
Treize sculpteurs, renommés à l’époque, furent chargés de la décorer de vingt-trois statues : au sommet, Paris (Cavelier) bien sûr, et les allégories de villes étrangères comme Amsterdam (Guméry), Francfort (Thomas), Londres, Saint-Pétersbourg (Jouffroy)… et, plus bas, celles de villes françaises, toutes desservies par la Compagnie du Nord : Douai, Dunkerque, Bar-le-Duc… La grande halle (38 m de hauteur, 200 m de longueur), toute faite de métal, est soutenue par deux lignées de colonnes fabriquées en Écosse et décorées de délicats motifs végétaux. Leur fût creux permet l’évacuation des eaux pluviales. La charpente est accrochée sur les côtés à des fermes Polonceau.
Du haut de la « passerelle de commandement », longue galerie intérieure qui court au niveau du premier étage, on pouvait contrôler à vue tous les mouvements des trains. La gare était exclusivement réservée au transport des voyageurs, le trafic marchandises et les ateliers de réparation se trouvant plus au nord, à La Chapelle-Saint- Denis. Le 1er juin 1867, lors de l’Exposition universelle, l’empereur Napoléon III y accueillit le tsar Alexandre II de Russie.
Après Napoléon III et Alexandre II, Elizabeth II
Au siècle suivant, modernité oblige, tout s’accélère… Dans les années 1990, c’est l’arrivée du TGV Nord, puis du Thalys vers Bruxelles (Belgique), Amsterdam (Hollande) et Cologne (Allemagne) ; en 1994, ce sera l’ouverture du tunnel sous la Manche et la mise en service de l’Eurostar, inaugurés par François Mitterrand et Elizabeth II.
La gare se voit ajouter une mezzanine dominant les quais dans le hall Londres, pour l’accès spécifique aux salles d’embarquement, douanes, etc. Véritable Tour de Babel, la gare du Nord, première gare d’Europe, troisième du monde, est une fourmilière : elle accueille 700 000 voyageurs par jour, chacun suivant son itinéraire dans un vrai labyrinthe. En moyenne, un train s’élance sur les voies toutes les trois minutes… Avec l’ouverture du tunnel sous la Manche, la gare profitera d’un immense renouveau, tout en conservant son architecture classée monument historique. Si les voies ferrées appartiennent à tout le monde, l’exploitation de divers types de lignes (TER, Transilien, Intercités mais surtout TGV, Thalys et Eurostar) est autonome, et l’harmonisation des différents intérêts relève du miracle quotidien.
Toujours plus de voyageurs pour toutes les destinations : il faut agir, la SNCF et la RATP lancent en 1997 l’opération Gare du Nord-Échanges, qui réaménage entièrement l’interconnexion trains Grandes Lignes-Banlieue RER B (vers les aéroports) et D, puis, l’accès au nouveau RER E (Eole) de la station Magenta, sous l’égide de l’architecte Jean-Marie Duthilleul (c’est lui qui restructura la gare Montparnasse en 1987).
Une vocation internationale
À l’emplacement d’un parking attenant, détruit, deux immenses verrières inondent de lumière cinq niveaux souterrains où se répartissent les accès aux quais et les galeries commerciales.
L’accès souterrain au RER E de la station Magenta, monumental et futuriste, mêle les matériaux – béton, verre, bois – et multiplie les escalators et ascenseurs.
Le parvis, réaménagé en 2007, met tous les utilisateurs au même niveau sur un même espace, sans trottoirs surélevés. Piétons, voitures, vélos, scooters… chacun suit « ses rails » sur un tracé discrètement matérialisé au sol par des pavés ou de l’asphalte.
Carrefour incontournable de Paris, c’est ici que se réunissent à la fois TGV, Eurostar, Thalys, Transilien, RER, métro, bus, taxi et Vélib’. Elle possède donc une vocation internationale très marquée puisqu’elle dessert la Belgique (Thalys), les Pays-Bas (Thalys), la Grande-Bretagne (Eurostar) et l’Allemagne (Thalys).
Visite guidée le 4 juin à 14h. Tarif : 8 euros par personne. Rens. : 01 49 15 98 98, www.tourisme93.com
Cet article est tiré du numéro 3467 de la Vie du Rail du 14 mai 2014 dont voici la couverture :