La chaîne RMC Découverte diffuse ce jeudi deux documentaires sur l’une des plus grandes réalisations humaines du XXe siècle : le tunnel sous la Manche qui depuis 1994 a rompu l’insularité de la Grande-Bretagne au terme d’un long combat.
Relier les îles britanniques au continent européen est un vieux rêve… Depuis 200 ans, plus de 130 projets différents ont vu le jour dans l’imagination fertile des ingénieurs des deux côtés de la Manche.
Tubes posés au fond de la mer, ponts fixes, chemins de fer sous-marins, les projets, parfois complètement invraisemblables, ont été nombreux aux XIXe et XIXe siècles. Certains d’entre eux ont même vu les premiers coups de pioche avant d’être abandonnés. Ce ne sera que sous l’impulsion politique de Margaret Thatcher et de François Mitterrand que le rêve deviendra enfin réalité. En septembre 1981, lors d’un sommet franco-britannique à Fontainebleau, le chef de l’État français et le Premier ministre britannique lancent une étude sur une liaison transmanche. Avec une condition non négociable imposée par la « Dame de fer », les financements du projet ne pourront qu’être privés. Le documentaire raconte ensuite l’incroyable compétition qu’Anglais et Français vont entretenir pour savoir qui ira le plus vite. Dans ce contexte, les Anglais ont le bénéfice du terrain. Par exemple pour le tunnelier baptisé Brigitte, du nom de l’épouse du chef du chantier côté français, chargé de creuser le TF1, le tunnel de service, creusé en premier, va connaître de nombreuses difficultés. Sa vis sans fin, pièce stratégique qui sert à évacuer vers l’arrière la craie broyée par les molettes du bouclier, casse dès les premiers mois. Conséquence : en six mois, Brigitte n’a progressé que de 200 m. Mais à leur tour les Britanniques rencontrent des difficultés, notamment lorsque l’eau commence à s’infiltrer sur leur chantier…
Malgré tout la jonction survient en 1990, puis quatre ans plus tard, le tunnel ferroviaire de 17 km de long (deux tunnels indépendants et un tunnel de secours) était inauguré le 6 mai 1994 en présence de la reine Elizabeth II et du président François Mitterrand.
Depuis sa mise en service, l’infrastructure a évolué. Notamment à cause d’un grave incident. Le 18 novembre 1996, un feu d’une extrême violence, parti d’un camion sur une navette, ravage pendant huit heures plus de 800 m de l’infrastructure. Les dégâts sont considérables et le trafic longuement interrompu. Le tunnel sous la Manche est alors équipé de nouveaux systèmes anti-incendie. Et quand en 2008, un nouveau feu démarre sur un camion, il est rapidement maîtrisé et le trafic n’est interrompu que quelques heures.
Il y a 20 ans, le 1er décembre 1990, les équipes françaises et anglaises de forage réalisaient la jonction du tunnel sous la Manche. Aujourd’hui encore les témoins se remémorent cette journée extraordinaire avec beaucoup d’émotion et de fierté. Tous les intervenants de ce documentaire, qu’ils s’expriment dans la langue de Shakespeare ou celle de Molière, semblent ainsi considérer le tunnel sous la Manche comme le chantier de leur vie.
Dans le second documentaire de la soirée, Autoroute maritime : tunnel sous la Manche, c’est l’exploitation de cette infrastructure ferroviaire hors normes qui est expliquée. Creusé à l’origine essentiellement pour le trafic passagers, le tunnel est désormais emprunté également par des camions de marchandises transportés sur les trains du Shuttle, un trafic qui ne cesse de progresser. La société Eurotunnel, qui exploite le Shuttle, a l’ambition de faire partir des trains toutes les deux minutes – au lieu de quatre aujourd’hui !
Jeudi 31 mai à partir de 20h50 sur RMC Découverte. Tunnel sous la Manche de Barbara Necek. BBC avec la participation de RMC Découverte (2014). Autoroute maritime : tunnel sous la Manche, ép. 2/2 (inédit).
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