Deux nouveaux trains de nuit ont quitté – pile à l’heure pour le premier, avec 22 secondes de retard pour le second – la gare parisienne d’Austerlitz au soir du 12 décembre : le Paris – Briançon à 20 h 52 et le Paris – Lourdes / Latour de Carol / Port Bou à 21 h 51. En fanfare – un orchestre de jazz Nouvelle-Orléans a joué jusqu’au départ du second train au bout des quais – et après une visite de Jean-Baptiste Djebbari, ministre délégué chargé des Transports, dans les voitures récemment rénovées ainsi que dans l’espace douche en gare, plusieurs dizaines de voyageurs ont gagné leurs places respectives dans les trains, avec une demi-heure d’avance pour beaucoup. Devant les quatre voitures pour Lourdes, en milieu de rame (une avec place assises et trois avec couchettes dont une de 1re classe), des hôtesses attendaient les premiers usagers de la nouvelle relation aves de petites pochettes spéciales contenant un nécessaire de voyage et quelques cadeaux. Les pass sanitaires ont été bien vérifiés en bout de quai, dont les accès ont été fermés lors des dernières minutes précédant les départs, effectués à l’heure, voire à la seconde près pour le premier.
Locomotives comme voitures portaient le macaron France Relance, vu que « 100 millions d’euros ont été investis pour les deux nouvelles lignes (Paris – Nice et Paris – Lourdes), en complément des 44 millions déjà engagés pour les deux lignes historiques (Paris – Briançon et Paris – Latour de Carol) », comme l’a rappelé le ministre délégué chargé des Transports.
« Je souhaite que nous ayons une dizaine de lignes nationales de train de nuit à l’horizon 2030 », a déclaré à l’occasion Jean-Baptiste Djebbari, citant, outre les liaisons actuelles, relancées ce dimanche ou à relancer prochainement (vers le Pays Basque), de possibles liaisons transversales, telles Metz (voire Luxembourg et Strasbourg) / Genève – Nice / Barcelone / Bordeaux ou Bordeaux – Nice, voire le retour des trains Paris – Barcelone. Le nord et l’ouest de la France, qui bénéficiaient pourtant de trains de nuit vers le sud jusque dans les années 2000, sont les grands oubliés de ce plan. Sans doute estime-t-on qu’il suffit de changer à Paris ? Toujours est-il que la capitale, qui doit à nouveau bénéficier d’un train de nuit vers Berlin à partir de 2023, pourrait en outre être de nouveau reliée « à d’autres capitales européennes : Madrid, Rome, Copenhague, peut-être Stockholm », selon le ministre, qui évoque « une très forte volonté de ce côté de l’Europe ». De plus, le retour d’un train de nuit Zurich – Barcelone via Lyon est prévu en 2024.
Mais pour (re)lancer de telles dessertes, il faudrait du matériel roulant, en particulier des voitures-lits, qui ne figurent plus au parc SNCF depuis près de 15 ans. Soit un parc total de quelque 300 voitures, qui pourrait être « livré entre 2025 et 2030 », doté d’une trentaine de locomotives et de deux ateliers, pour une valeur estimée à « au moins 800 millions d’euros ». Pour assurer un tel renouvellement, les entreprises de location de matériel roulant devraient être mises à contribution, ce qui est déjà le cas pour les trois locomotives Traxx (BR 185) destinées à la traction du Vienne – Paris à l’ouest de Karlsruhe, louées par la SNCF à Mitsui Rail Capital Europe (MRCE).
Les partisans de Yannick Jadot qui tractaient lors du départ du second train promettaient quant à eux « 7 lignes intérieures, 8 lignes européennes, 9 lignes au départ de Paris, dont 7 internationales, ainsi que 6 lignes transversales ».
Toujours est-il qu’outre la relance de trains de nuit intérieurs français, deux trains de nuit internationaux font leur retour à l’occasion du passage à l’horaire du service 2022 : Zurich – Amsterdam, qui peut intéresser les Mulhousiens et les Strasbourgeois (arrêts à Bâle et Offenbourg), ainsi que le Vienne – Paris cité plus haut, dont le premier doit arriver à la Gare de l’Est, avec Jean-Baptiste Djebbari à son bord, au matin du 14 décembre. L’autre nouveauté internationale très attendue de cette fin d’année est le démarrage des dessertes Frecciarossa 1000 entre Paris, Lyon, Turin et Milan, le 18 décembre.
Plus généralement, les horaires du service 2022 restaurent prudemment un niveau de desserte comparable à celui avant l’épidémie de Covid, avec quelques ajustement et le lancement annoncé de Ouigo « vitesse classique » au printemps prochain. Les lignes ayant été en travaux ces derniers temps retrouvent également leurs dessertes, la dernière en date étant celle entre Epinal et Saint-Dié-des-Vosges, rouverte le 12 décembre après trois ans de travaux, en présence des ministres Jean Castex et Jean- Baptiste Djebbari, ainsi que du Président de la région Grand Est, Jean Rottner. L’Etat et la région ont financé, à hauteur de 40 % et 60 % respectivement, les 21 millions d’euros de travaux réalisés par SNCF Réseau pour la régénération des tunnels de Vanémont et de Bruyères, ainsi que la modernisation de la voie et des passages à niveau.
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