Ça devait être la chronique d’une mort annoncée… et pourtant la crise des Gilets jaunes a, semble-t-il, permis de sauver le train des Alpes qui depuis 150 ans assure la liaison entre Grenoble et Gap. Emmanuel Corre et Pierrick Morel, les deux réalisateurs qui ont suivi ce combat, expliquent ainsi comment l’intérêt pour ce sujet est né : « C’est un train que nous avons toujours pris. Enfants, pour des vacances. Adolescents, pour des randonnées. Adultes, pour rendre visite à nos familles. Pour des natifs du Dauphiné, le train des Alpes fait partie du paysage. » Alors quand les deux journalistes apprennent que la ligne est menacée, ils n’hésitent pas une seconde et s’empare de leur stylo et de leur caméra pour raconter l’histoire d’une ligne symbole de l’effritement du service public. Ils ont ainsi tourné entre Grenoble et Gap de janvier 2018 à février 2020.
Nous suivons dans ce documentaire les nouveaux passagers qui racontent « leur » train. Bianca travaille à Grenoble et le train lui permet de vivre à la campagne. Lionel, lui, a choisi de lutter. Il multiplie les actions pour défendre la ligne : irruption à la direction de la SNCF, déshabillage sur les voies… Nicole, septuagénaire, ne conduit plus et s’appuie sur le train pour rester active, tout comme Oualid, victime d’un grave accident et qui a besoin du train pour retrouver un peu d’autonomie.
Enfin, Joseph-Emmanuel travaille à Lyon, mais quitte la métropole pour rejoindre en train, avec sa famille, le calme des Hautes-Alpes.
En l’absence de travaux essentiels à la sécurité de la ligne, la fermeture interviendra en 2020. Heureusement, un accord de financement de la ligne Grenoble/Gap pour des travaux d’urgence a récemment été trouvé. Après plusieurs mois de négociations, la région a annoncé avoir signé avec l’État et SNCF Réseau un accord portant sur un premier programme d’investissements de 22,5 millions d’euros, dont 9,8 millions à sa charge. Une réouverture complète de la ligne pourrait survenir en 2022.
Pour les deux réalisateurs, l’ambition du film était de raconter une histoire résolument humaine : « Sans en connaître encore la fin, nous voulions un film tourné à hauteur d’hommes, au plus près des usagers. Ce vaillant petit train fabrique du lien social. C’est une ligne de vie. » Alors quand le collectif remporte la victoire tant attendue, c’est la vie des habitants qui est transformée.
Jeudi 30 avril à 22 h 55 sur France 3.
Notre train quotidien par Emmanuel Corre et Pierrick Morel.
Produit par Patrice Lorton, Capa avec la participation de France télévisions et du CNC.
52 min.
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