« C’est un être unique / A des tas d’exemplaires /Qui ne pense qu’en vers / Et n’écrit qu’en musique / Sur des sujets divers / Des rouges et des verts / Mais toujours magnifiques. » Ces quelques vers signés de Boris Vian pour son poème baptisé Un poète accueillaient les voyageurs en gare d’Avignon TGV. Il aurait eu 100 ans le 10 mars dernier… Écrivain, poète, musicien, critique musical, metteur en scène, esprit libre, Boris Vian était un artiste intarissable résolument moderne – un peu trop pour ses contemporains, dont la plupart n’ont pas su reconnaître son génie. Depuis, on a rendu à Boris ce qui appartient à Boris. Comme l’a expliqué à l’AFP, Nicole Bertolt, mandataire pour l’oeuvre de Boris Vian « aujourd’hui, il est plus reconnu que de son vivant, mieux identifié, on sait bien de qui on parle, de quelqu’un qui n’a pas de frontières, qui a une liberté totale et absolue ».
À l’occasion de l’inauguration de l’exposition inédite « Boris Vian, l’écume d’un artiste multiple » qui se déroulait en gare d’Avignon TGV Cédric et Patrick Vian, les fils du poète disparu, étaient présents. Cet évènement a eu lieu dans le cadre de la 22e édition du Printemps des poètes, mais toute l’année l’artiste sera célébré un peu partout en France. Des expositions, des rééditions de ses textes, de ses chansons, des concerts, l’année 2020 sera entièrement consacrée à l’écrivain de Ville d’Avray.
Celui qui a écrit dans son roman L’Écume des jours « L’humour, c’est la politesse du désespoir » ne se prenait pas au sérieux, mais faisait sérieusement tout ce qu’il entreprenait. Volontiers surréaliste, Vian adhère au Collège de Pataphysique, une « société de recherches savantes et inutiles ». En tant qu’ingénieur formé à l’école Centrale, il est l’homme de la situation ! Il invente notamment dans l’Écume des jours le Pianocktail, une sorte de piano qui propose selon le morceau de musique joué certains alcools, dont la saveur est censée rappeler les sensations éprouvées à l’écoute de la musique.
Boris Vian est mort prématurément en juin 1959, seulement âgé de 39 ans, d’une crise cardiaque dans une salle de cinéma, où l’on projetait l’adaptation de son roman « J’irai cracher sur vos tombes », signé du pseudonyme Vernon Sullivan. Il nous a laissé en héritage une oeuvre foisonnante qui a marqué toute une génération d’artistes. Cette exposition permet aux voyageurs de se souvenir de Boris Vian et pourquoi pas de méditer ses mots : « La mort n’a rien de tragique. Dans cent ans chacun de nous n’y pensera plus. » Même si, 100 ans après sa naissance, nous pensons tous à sa disparition.
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