Si pour l’ART, la concurrence dynamise le transport de voyageurs sur rail, la baisse des prix fragilise la santé financière des opérateurs. Souvent citée en exemple, l’Allemagne est ainsi devenue le plus gros foyer de pertes pour Keolis, entraînant son départ du pays. Ceci alors que la filiale allemande d’Abellio, insolvable, disparaît dans deux Länder.
Keolis n’est pas le seul groupe de transports publics à disparaître du marché allemand des trains régionaux conventionnés. Depuis deux ans, les nuages se sont également amoncelés pour Abellio, filiale des Chemins de fer néerlandais (NS), qui avait jusque-là remporté une série d’appels d’offres pour le compte de cinq réseaux allemands de trains régionaux.
L’été dernier, sa filiale allemande Abellio GmbH s’est déclarée insolvable. Et depuis, le nom Abellio disparaît progressivement de la livrée des trains régionaux dans deux Länder, la Rhénanie du Nord-Westphalie et le Bade-Wurtemberg, mais de deux façons différentes.
Pour les habitants de Rhénanie du Nord-Westphalie, le départ d’Abellio Rail NRW GmbH d’un réseau de dix trains régionaux entre les Pays-Bas et le bassin de la Ruhr et de quatre lignes du réseau S-Bahn Rhin-Ruhr est même devenu une expression : « Abellio-Aus ». Avec une date-clé : la nuit du 31 janvier au 1er février derniers, quand ces dessertes étaient reprises par DB Regio, la filiale spécialisée de la DB pour les trains régionaux, National Express Rail GmbH, filiale allemande du groupe britannique, et VIAS Rail, filiale du groupe privé allemand RATH Guppe. Pour autant, le transfert aux nouveaux exploitants ne s’est littéralement pas fait du jour au lendemain : jusqu’à la fin février, voire au début mars, les repreneurs ont eu recours à des horaires transitoires, le temps de réintégrer le personnel (en pleine vague du variant Omicron), ou de renégocier certains points de l’ancien contrat Abellio Rail NRW GmbH (sillons, matériel roulant, assurances…) En effet, la filiale d’Abellio Rhénanie du Nord-Westphalie a été mise en liquidation et ses successeurs doivent en quelque sorte repartir de zéro, avec toutefois une aide de la part d’Abellio pour faciliter les détails pratiques.
Plus au sud, dans le Land du Bade-Wurtemberg, la disparition d’Abellio s’est faite plus en douceur, par un simple changement de nom. Le 18 février, son ancienne filiale Abellio Rail Baden- Württemberg GmbH a tout simplement été rebaptisée SWEG Bahn Stuttgart GmbH, un mois après sa reprise par la Südwestdeutsche Landesverkehrsgesellschaft mbH (SWEG), propriété du Land. Le contrat d’exploitation de l’ancienne filiale d’Abellio est purement et simplement repris par SWEG Bahn Stuttgart GmbH.
Pour l’instant, Abellio continue d’exploiter des trains régionaux en Thuringe (réseau Saale-Thuringe-Harz du sud), en Saxe-Anhalt (« réseau diesel »), ainsi qu’en Westphalie (WestfalenBahn, réseau Emsland et Mittelland).
A noter que les problèmes pour Abellio ne se limitent pas à l’Allemagne : le 31 mars prochain, la filiale des Chemins de fer néerlandais devra quitter l’Ecosse, où l’exploitation des trains sera reprise par un opérateur national.
Cet article est tiré du numéro 3875 de La Vie du Rail.
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Les graves problèmes financiers et les importantes pertes d’opportunités d’Abellio GmbH et d’Eurobahn (une filiale de Keolis) suggèrent que le modèle allemand de longue date de sous-traitance de l’exploitation des services ferroviaires régionaux et locaux pourrait ne plus être adapté à son objectif.
C’est une sorte de fin de ligne pour Abellio en Allemagne. La situation négative actuelle porte également un coup dur aux aventures ferroviaires à l’étranger des chemins de fer néerlandais [NS/Nederlandse Spoorwegen].