Le groupe SNCF innove en intégrant des panneaux solaires sur les voies ferrées. Arep, une filiale de SNCF Gares & Connexions, a développé un projet ambitieux de production d’électricité photovoltaïque baptisé Solveig. Un prototype a été installé le 17 janvier sur des voies de service du Technicentre d’Achères, dans la périphérie nord-ouest de Paris, pour une phase de test de six mois.
Solveig ne se limite pas à des panneaux photovoltaïques; il comprend également un système permettant leur installation sur des voies ferrées inutilisées et leur retrait à tout moment. « La réversibilité est essentielle. Les panneaux n’occuperont pas définitivement les voies où ils seront installés », explique Romaric Quentin, ingénieur et responsable du studio design à l’Arep, qui codirige le projet Solveig.
Pour assurer cette réversibilité, les concepteurs ont intégré l’ensemble dans un conteneur ISO standard. Ce conteneur sert de plateforme de déploiement, embarque l’électronique de gestion et peut être transporté par rail jusqu’au lieu d’installation. Les panneaux reposent sur des cadres fixés sur des lorries dotés de galets, permettant de glisser sur les rails avant d’être fixés par un système de serrage. Les panneaux sont ensuite relevés pour une inclinaison de 10°, optimisant ainsi la captation des rayons du soleil et permettant un nettoyage naturel par l’eau de pluie.
Installation en une journée
L’installation de Solveig peut être réalisée en une journée par deux agents, sans nécessiter de travaux ni de fondations. Le système ne laisse aucune trace une fois retiré. L’expérimentation permettra d’enregistrer, grâce à des capteurs, la résistance au vent et les vibrations provoquées par les trains circulant à proximité. L’impact de la poussière sur l’efficacité énergétique des panneaux sera également mesuré.
Plusieurs cas d’exploitation sont envisagés : sur les voies de triage peu utilisées et dans les technicentres. La version 2 du prototype de Solveig contiendra 160 panneaux, contre 8 actuellement, couvrant 200 mètres linéaires, soit environ la longueur d’une rame de TGV. Avec 400 W crête par panneau, le conteneur devrait délivrer 64 kW crête au mieux.
À terme, les concepteurs envisagent de disposer de plusieurs conteneurs mobiles pour installer, déplacer ou désinstaller les panneaux solaires selon les besoins. Les panneaux de Solveig pourraient également approvisionner en électricité des chantiers de travaux ferroviaires, réduisant ainsi l’empreinte carbone de ces travaux. Enfin, une utilisation sur des voies désaffectées est envisagée, bien que plus complexe à mettre en œuvre. Après les tests, l’année 2025 devrait marquer le début de l’industrialisation.
De multiples projets dans le champ des énergies renouvelables
Solveig n’est pas le seul projet de l’Arep dans le domaine des énergies renouvelables. La filiale de Gares & Connexions a également développé un abri de quai solaire, de forme très épurée, en partie réalisé en atelier pour limiter le temps de pose et éviter les interruptions de circulation des trains. La taille des panneaux de toiture est adaptée au transport routier classique, ne nécessitant pas de convoi exceptionnel pour leur acheminement. En 2023, l’Arep a réalisé un cadastre solaire, recensant les espaces disponibles parmi les emprises SNCF, notamment les grandes halles voyageurs et les grandes gares parisiennes. Il a évalué le potentiel de solarisation à 113 800 hectares de foncier, permettant au groupe SNCF d’installer 1 000 MW crête de capacités photovoltaïques d’ici la décennie 2030.