La SNCF a chèrement payé la grève contre la réforme des retraites en décembre, terminant l’année 2019 dans le rouge alors que les onze premiers mois avaient été très dynamiques, avec une forte progression du chiffre d’affaires.
La SNCF a enregistré en 2019 une perte de 801 millions d’euros, alors qu’elle affichait un bénéfice de 141 millions d’euros un an plus tôt. Une plongée dans le rouge qui s’explique à la fois par des effets comptables (principalement des modifications fiscales) mais aussi et surtout par la grève contre la réforme des retraites lancée à partir de décembre. « Hors effet de la grève en décembre, le résultat net récurrent serait positif à 313 millions d’euros », insiste Jean-Pierre Farandou, le PDG du groupe.
Le manque à gagner lié au conflit s’est en effet élevé à 690 millions d’euros, représentant les billets non vendus, les dédommagements ou les transports de substitution. Le résultat du groupe a été amputé de 614 millions d’euros.
Une activité dynamique sur la plus grande partie de l’année
Pourtant jusqu’au démarrage de la grève et durant les onze premiers mois, l’activité a progressé de façon très dynamique, permettant au chiffre d’affaires de croître de 5,1 % sur 2019 comparé à 2018. Et la marge opérationnelle a augmenté de 11 % à 5,6 milliards d’euros. « Nous avons été capables de créer de la croissance et de dégager de la profitabilité à travers cette croissance », note le dirigeant.
L’activité (au total plus de 35 milliards d’euros) a été portée par l’activité voyageurs, explique Laurent Trévisiani, le nouveau directeur général délégué Stratégie et Finances. À commencer par Keolis dont l’activité a augmenté de plus de 10 %, TER avec une hausse de 9 %, Voyages (+4,2 %) et Transilien (+1,7 %). Même le trafic de marchandises a progressé de 7 % « grâce aux filiales ferroviaires qui ont permis de compenser l’activité de Fret SNCF fortement impactée par la grève », note Laurent Trévisiani.
Une attention marquée aux questions sociales
Dans le même temps, 10 milliards d’euros ont été investis et le groupe a embauché 12 600 personnes. Vient désormais le temps d’un nouveau plan d’économies, d’autant que la poursuite de la grève en janvier s’est traduite par une perte d’exploitation supplémentaire de 330 millions d’euros qui devra être en partie compensée par des gains d’activité, des réductions de charges supplémentaires, le décalage de certains projets ou encore une optimisation des investissements. Il s’agit, dans un premier temps, de dégager 200 millions d’euros de cash flow. Cela sans remettre en cause les engagements de Jean-Pierre Farandou d’un gel de six mois dans les réorganisations. « Nous ne toucherons pas aux effectifs et redoublerons nos efforts pour reconquérir les clients », précise Jean-Pierre Farandou. « Nous voulons revisiter le sens des réorganisations, en nous posant les bonnes questions : est-ce que cette réorganisation permet un meilleur service aux clients ? Quel est son impact social ? Je demande aux dirigeants de faire la balance entre l’enjeu et l’impact social et je vais même jusqu’à dire que si l’impact social est trop important par rapport à l’enjeu, il vaut peut-être mieux ne pas le faire », ajoute-t-il. Dans le budget 2020, il est prévu 900 suppressions d’emplois, soit bien moins que dans les années précédentes où ce chiffre tournait autour de 2000.
Dans un second temps, le groupe verra s’il doit réaliser des cessions. « Nous sommes en train de mener cette révision stratégique. Le résultat sera présenté fin avril au conseil d’administration de la SNCF », ajoute le patron du groupe. La nouvelle SNCF s’est engagée à fonctionner sans alourdir la dette à partir de 2022, dette qui atteint désormais 35 milliards d’euros depuis la reprise par l’État de 25 milliards au début de l’année.
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