Quand la musique classique devient accessible aux enfants issus de quartiers prioritaires, elle se révèle un formidable vecteur de partage et de lien social. Telle est la démonstration du projet Démos (pour Dispositif d’Éducation Musicale et Orchestrale à vocation Sociale) qui, porté par la Philharmonie de Paris et soutenu par la Fondation SNCF, grand mécène historique, initie avec succès les 7-12 ans à la pratique d’un instrument en orchestre. Actuellement, Démos compte 2 100 élèves inscrits, dix régions engagées dans le dispositif et vingt-sept orchestres, dont dix en Ile-de-France. Créé en 2010 par la Philharmonie de Paris, Démos propose aux enfants un parcours pédagogique particulièrement innovant. Non seulement ils apprennent à jouer d’un instrument (violon, violoncelle, cuivre, instrument à vent, percussions), mais ils intègrent un véritable orchestre qui se produit chaque année avant l’été, dans la prestigieuse salle de concert à la Cité de la musique à Paris dans le XIXe arrondissement. Ainsi, les 24 et 25 juin, deux concerts exceptionnels ont eu lieu, au terme de trois années d’apprentissage, réunissant 2 000 élèves et les musiciens professionnels qui les encadrent, autour de l’interprétation de chefs-d’oeuvre du répertoire classique et de musiques traditionnelles. Un grand moment pour ces jeunes musiciens amateurs – ainsi que pour leurs parents spectateurs et les élèves de leurs écoles ! – qui ont partagé la scène de la grande salle Pierre-Boulez avec les orchestres du Val-d’Oise, des Hauts-de- Seine, des Yvelines, du Val-de-Marne et Est Ensemble.
« Démos, c’est une aventure collective qui bouscule les habitudes », explique Prisca Tirouvanziam, responsable Pôle social du projet. Pendant trois ans, les enfants suivent environ quatre heures d’atelier par semaine (hors temps scolaire), en groupes de quinze élèves. La spécificité ? Les sessions de travail ont lieu dans la structure sociale que les enfants ont l’habitude de fréquenter. À la fin de chaque session, l’apprenti musicien remporte son instrument à la maison. Il doit en prendre soin, cela responsabilise aussi la famille. « Au fil des semaines, les enfants gagnent en concentration, en assiduité et en rigueur. Ils s’épanouissent et prennent confiance en eux. En premier lieu, un lien particulier se tisse avec leur instrument. Les musiciens encadrants transmettent l’idée que l’instrument est comme un nouveau membre de la famille. Plus on dialogue avec lui, plus on va le comprendre. Une vraie relation peut naître entre l’enfant et l’instrument. » Puis, de sa pratique en session collective, naît l’envie de communiquer davantage et de s’ouvrir aux autres. Le choix de la musique classique est délibéré, « pour déconstruire les représentations que l’on pourrait se faire des enfants vivant dans les quartiers prioritaires désignés par la politique de la ville. Les enfants s’approprient très rapidement les oeuvres classiques, ils se montrent tout de suite réceptifs, emportés par le plaisir de jouer de leur instrument. » Au-delà d’une simple formation musicale, Démos est une école du partage et du dépassement de soi. Pour que chacun, quel que soit son milieu d’origine, puisse s’approprier, à travers les oeuvres classiques, un morceau du patrimoine culturel universel. Initié en Ile-de- France, le projet Démos est parti à la conquête des territoires toujours avec le soutien de la Fondation SNCF. L’objectif : former 3 000 jeunes d’ici à décembre 2018 dans plus de trente villes.
Rens. : www.fondation-sncf.org
