L’Autorité de la qualité de service dans les transports (AQST) a publié en mars une étude pour expliquer les raisons des retards des trains de voyageurs en France. Le bilan dressé par cette entité autonome du ministère de la Transition écologique est plutôt sombre : la ponctualité s’est globalement dégradée au fil du temps. Alain Sauvant, le directeur de l’AQST, explique à La Vie du Rail les raisons de cette dégradation et esquisse quelques pistes pour l’avenir, suggérant des marges de progrès possibles.
La Vie du Rail : Qu’avez-vous voulu montrer avec cette étude ?
Alain Sauvant : La ponctualité n’est pas le seul critère de qualité de service mais elle est importante. Le ferroviaire étant l’armature des transports publics interurbains, nous avons voulu mieux comprendre les déterminants de la ponctualité des trains de voyageurs en France. Nous avons regardé le sujet sous différents angles. D’une part avec un volet historique remontant jusqu’en 1954, car le ferroviaire se comprend dans le temps long. D’autre part avec des données « géographisées ».
LVDR : Quelles conclusions en tirez-vous ?
AS. : Ce qui pouvait paraître être un cliché, le commentaire : « c’était mieux avant ! » n’est pas tout à fait faux. La ponctualité des trains s’est en effet dégradée. Nous avons réalisé tout un travail sur les normes de façon à ce qu’elles soient comparables (en retravaillant notamment les critères pris en compte pour considérer qu’un train est en retard, car ces critères ont varié dans le temps). Nous avons donc entrepris un travail original pour remettre en perspective et pouvoir comparer.
Ainsi, le nombre de trains considéré comme étant en retard a été multiplié par plus de 3 entre 1954 et nos jours. C’est particulièrement important en Ile-de-France où la multiplication est de 6, même s’il faut rappeler bien sûr que les intensités de circulations ont augmenté bien davantage dans cette région qu’ailleurs en France.
Globalement, la dégradation est assez continue. Si on met à part les années 2020 et 2021 touchées par la Covid, et affichant une bonne ponctualité (il y avait moins de trains…), on constate que 2018 a été très mauvaise. C’était une année impactée par une météo dégradée et au cours de laquelle il y a eu de gros plantages technologiques et des mouvements sociaux.
LVDR : Comment expliquer cette dégradation continue au fil du temps?
A.S : L’économétrie pointe plusieurs facteurs.