Avec La Voie normale (Voir LVDR N° 3720 du vendredi 22 mars 2019), la réalisatrice tunisienne Erige Sehiri a signé un film fort sur un sujet brûlant : une ligne de chemin de fer dangereuse, mais qui reste indispensable à ses usagers. La Voie normale devait sortir ce mercredi 4 novembre dans les salles en France, cela aurait dû être une nouvelle étape pour un documentaire qui a rencontré un très bon accueil dans plusieurs festivals.
Les Tunisiens l’appellent la « Voie normale », surnom hérité de l’écartement de la voie de cette ligne qui n’a pourtant rien de « normale ». Les voyageurs et les cheminots ont de bonnes raisons de craindre cette infrastructure ferroviaire de 471 km qui a la réputation d’être la plus vétuste et dangereuse du pays. Matériels à bout de souffle, voies fatiguées, signalisation déficiente : la moindre panne y est rapidement ingérable et les cheminots de la Société nationale des chemins de fer, en absence presque totale de moyens, doivent faire preuve d’un perpétuel sens de l’adaptation et de l’invention.
Erige Sehiri a rencontré ces hommes et ces femmes qui travaillent sur cette ligne à la dérive, parfois au péril de leur vie. Elle recueille des témoignages glaçants, notamment celui d’un conducteur de train, Issam Fitati, qui n’a eu de cesse de documenter les accidents, les manquements à la sécurité, les défaillances de maintenance et d’alerter sa direction. Puis, devant l’absence de réaction de sa hiérarchie, il est devenu « lanceur d’alerte » quand il s’est finalement tourné vers la presse et l’opinion. La réalisatrice a suivi son combat de 2012 à 2016.
La Voie normale d’Erige Sehiri.
Akka Films, Nomadis Image, Les films de Zayna. (Tunisie, France, Qatar, 74 mn, 2018)
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