Les 12 et 13 juin, la SNCF a réuni des journalistes en séminaire de presse, non loin de Bordeaux, nouvelle étape de la très grande vitesse. On est alors entre les deux tours des législatives, le gouvernement s’installe, la SNCF élabore son plan de groupe. C’est l’entre-deux mais ce n’est pas le flou. Cap sur la concurrence, l’innovation et l’international : la SNCF prend le large.
4-Un groupe qui se veut ambidextre
Le Comex de la SNCF est allé suivre une semaine de cours intensif à Stanford. Et ses membres en sont revenus avec une conviction. Oh, elle ne chamboule pas tout. On ne renonce pas à une opinion souvent entendue : l’innovation en « percolant » va transformer le groupe. Mais il faut aussi veiller à séparer le core de l’explore. Défendre le coeur de métier d’une part, de l’autre explorer les nouveaux services. Faute de quoi, si on mélange tout, le coeur de métier et la façon de l’exercer risquent de tuer l’innovation dans l’oeuf.
Pourtant, le coeur de métier présente des perspectives nouvelles. On le voit avec les projets d’automatisation des trains. Mais il y a aussi l’autre aspect qui vient tout bousculer, les mobilités et, avec elles, la logique du try fast & fail fast propre au digital et revendiquée par Guillaume Pepy.
Favoriser l’innovation tout en progressant sur le coeur de métier, l’enjeu est énorme et concerne tout le groupe. D’autant plus que « les salariés d’aujourd’hui font la SNCF de demain », dit Guillaume Pepy.
Le groupe SNCF vise à devenir une plateforme de services, où figureront les produits maison et ceux de concurrents. Il entend ainsi résister à la désintermédiation qui frappe les grands groupes dans tous les secteurs au profit des Gafa. Dans les transports, la SNCF n’est pas la seule à vouloir y résister mais, comme le relève Jean-Pierre Farandou, c’est un pari français : Keolis, Transdev, RATP ont des approches semblables, « à la différence de leurs concurrents étrangers, qui, dans l’ensemble, restent sur le coeur du métier ».
Innover d’un côté, défendre de l’autre. Cela suppose de devenir « ambidextre », comme dit Mathias Vicherat, le DGA chargé du Projet d’entreprise, de la Communication et de l’Image. Pratiquer les deux attitudes sans se mélanger les pinceaux. Ambition que doit manifester le projet de groupe, sur la base des projets existants. Ce projet doit être présenté aux cadres dirigeants de SNCF en septembre. Pas facile de mêler les deux approches. Mais, après tout, chacun accorde – plus ou moins bien – hémisphère gauche et hémisphère droit…