Le développement des métros automatiques dans le monde connaît un sérieux coup d’accélérateur. Cela pourrait bénéficier aux entreprises françaises, leaders sur ce marché. Lors d’un débat organisé par Ville Rail & Transports en novembre à la Maison de la RATP, industriels et opérateurs ont dessiné les nouvelles perspectives. Quels progrès doivent maintenant faire les automatismes pour répondre aux attentes ?
« Le métro automatique a fêté ses 20 ans avec la ligne 14 », a rappelé Catherine Guillouard, en ouverture du colloque de VR&T, qui s’est tenu à la Maison de la RATP. La PDG de la RATP prédit une explosion de ce marché. Il pourrait être multiplié par trois d’ici 2025, profitant de l’implantation de nouvelles lignes mais aussi du renouvellement des anciennes. Pour promouvoir son offre de métro automatique, la RATP peut mettre en avant sa ligne 14, qui tourne à 85 secondes d’intervalle, transporte 83 millions de passagers par an et offre une qualité de service excellente. Mais l’entreprise mise aussi sur un savoir- faire qui lui permet d’automatiser une ligne tout en continuant de l’opérer. « Nous l’avons fait pour la 1, c’est en cours pour la 4 », rappelle Mme Guillouard. Dans le monde le groupe RATP exploite des métros automatiques ou semi-automatiques, parfois conjointement avec Transdev, à Mumbai ou à Séoul, parfois avec Keolis, pour le projet de Doha au Qatar. Parfois sans partenaire français, comme ce sera le cas à Riyad.
En France l’entreprise travaille sur l’extension de lignes de métro, notamment de la ligne 14, pour doubler sa capacité d’emport et passer à un million de voyages/jour avec son extension au nord et au sud, ce qui en fera la ligne automatique la plus longue du monde. Et la RATP finalise l’automatisation du tronçon central du RER A. « Ce RER, c’est 1,2 million de passagers par jour. Son automatisation, réalisée à plus de 90 %, a déjà permis d’augmenter sa régularité de 3,7 points. Les travaux seront terminés d’ici la fin de l’année. Savoir automatiser tout en gérant l’exploitation est un savoir-faire rare », insiste Mme Guillouard. « Alors que le trafic ne cesse de croître – sur le RER A il a augmenté de 4 % en un an et certaines lignes de métro affichent une hausse de 2 à 3 % – automatiser a du sens, d’autant plus que la qualité de service d’un métro automatique est excellente, plaide-t-elle. Mais cela nécessite des investissements de centaines de millions d’euros, notamment pour installer les façades de quais, refaire les quais… »
Sur ce marché prometteur, la présidente de la RATP invite la recherche universitaire à s’emparer du sujet et les professionnels à se rapprocher de la recherche. Et elle encourage la filière française à faire front commun face à la montée en puissance des Chinois.