Après le succès de Lyon, Grenoble se lance dans l’aventure du RER métropolitain. Les études débutent pour préciser le projet et obtenir le statut de Service express régional métropolitain (Serm).
Ce 20 janvier, un voile blanchâtre recouvre la capitale des Alpes. Depuis quatre jours, la cuvette grenobloise est en proie à un pic de pollution aux particules fines, contraignant les automobilistes à réduire leur vitesse. La solution pourrait bien se discuter au même moment, au siège de la métropole : tous les acteurs publics (Préfecture, collectivités locales, SNCF Réseau) présentent la première pierre du futur « RER de l’aire grenobloise » ou Service express régional métropolitain (Serm). L’étude de préfiguration du projet est lancée, chiffrée à plus de 1,4 million d’euros, financée par l’Etat à 50%, par la région à 25% et par les autres collectivités locales (département, Métropole) à 25%. « Cela va nous permettre d’aller plus loin et à plus grande échelle. Plutôt que de dialoguer avec un partenaire autour d’un projet précis, nous aurons une vision d’ensemble », se réjouit Sylvain Laval, président du Syndicat mixte des mobilités de l’aire grenobloise (SMMAG). Des comités de pilotage se réuniront dès le premier semestre 2025.
L’objectif du RER grenoblois est ambitieux : 80% de fréquentation supplémentaire sur l’étoile ferroviaire grenobloise, des trains tous les quarts d’heure, et un maillage avec les réseaux secondaires (cars express, bus, tramway). Les premiers jalons ont déjà été posés : depuis le 2 septembre 2024, les réseaux de transports grenoblois et du Grésivaudan (la vallée entre Grenoble et Chambéry) ont fusionné pour former M Réso, avec une tarification unique. Sur le terrain, plusieurs chantiers ont été engagés dans la perspective du futur RER métropolitain, notamment le futur terminus de Brignoud, pour lequel la communauté de communes du Grésivaudan (43 communes, 105 000 habitants) a voté fin décembre dernier une enveloppe de 8,5 millions d’euros.
Il reste une inconnue, de taille : le financement du RER. Son coût total est estimé à plus d’un milliard d’euros. « Le projet est relativement avancé à Grenoble. Mais si on veut encore accélérer, il faut consolider les financements sur la durée. Ce sera probablement le plus long », reconnaît Frédéric Aguilera, vice-président en charge des transports de la région Auvergne-Rhône-Alpes (Aura). Si les collectivités locales envisagent le projet avec enthousiasme, elles s’inquiètent des efforts financiers à consentir. « Le contexte budgétaire et politique est catastrophique, l’incertitude est totale. Je pense qu’il faut être prudent. Et que l’Etat assume une part importante du financement », avance Bruno Cattin, président de la Communauté de communes du Pays Voironnais (31 communes, 96 000 habitants).
Le chantier colossal du RER grenoblois ne fait que commencer. La métropole promet que « les premières améliorations de dessertes seront visibles à partir de l’automne 2028 ». Pour aller plus loin, il faudra régler la question épineuse du financement.
Théo Baudemont