Après des années de croissance de son trafic (si on exclut la grève de décembre 2019), la RATP a enregistré une baisse historique de fréquentation de son réseau en Ile-de-France : -43 % en 2020. La faute, bien sûr, à la crise sanitaire qui a particulièrement impacté le réseau ferré : -50 % pour le métro, – 47 % pour le RER. Le recul est un peu moins important pour les bus (-33 %) et les trams (-35 %).
Mais le manque à gagner sur les recettes voyageurs de 900 M€ a été amorti à hauteur de 751 M€, principalement grâce au mécanisme contractuel de partage du risque recettes avec Ile-de-France Mobilités (IDFM). Le confinement a aussi affecté les recettes annexes comme les recettes publicitaires, à hauteur de 103 millions d’euros. Pour limiter la casse, la RATP a mis en place un programme d’économies de plus de 200 millions d’euros, ce qui a permis d’absorber le surcoût lié à la crise.
La RATP a donc réussi à limiter ses pertes à 134 millions d’euros en 2020 grâce au contrat qui la lie à IDFM (21 millions d’euros de pertes pour l’EPIC). Rappelons que l’année précédente, le résultat net du groupe avait été positif à 131 millions d’euros en 2019, déjà en baisse de 35 % par rapport à 2018. La dette nette s’est alourdie de 7 %, à plus de 5,5 milliards d’euros, mais la PDG estime que « la situation financière de la RATP demeure très solide ». Le groupe public finit l’année « pas très loin » de ses objectifs initiaux malgré la pandémie, assure Catherine Guillouard.
La Régie indique aussi qu’elle a pu poursuivre ses investissements à un niveau qu’elle qualifie d’historique : 2,2 milliards d’euros (en intégrant les investissements réalisés pour le compte de la SGP), soit une croissance de 3,4 % par rapport à 2019.
La RATP, qui affiche une baisse de son activité de 3,2 %, avec un chiffre d’affaires de 5,5 milliards d’euros l’année dernière, a vu ses filiales souffrir l’an dernier, notamment sur certains marchés, dont le « sightseeing » (bus touristiques) : leur chiffre d’affaires, habituellement moteur de la croissance, chute de 10,2 %. Leur résultat net est négatif (-112 millions d’euros).
Toutefois, « il y a eu une belle dynamique de développement des filiales », affirme la RATP. Ainsi, RATP Dev a continué à engranger quelques succès notamment à l’international avec le contrat pour la ligne 3 du Caire, ou en France à Quimperlé et en Ile-de-France avec le réseau du Mantois dans le cadre de l’ouverture à la concurrence des bus Optile.
RATP Dev se prépare plus que jamais à l’ouverture à la concurrence dans les TER (elle a créé dans ce but une filiale avec Getlink pour répondre aux appels d’offres de Grand Est où elle s’est préqualifiée, et dans les Hauts-de-France) et sur les lignes du Grand Paris (elle a également noué un partenariat avec ComfortDelgro Transit et Alstom pour répondre aux appels d’offres concernant les lignes 16 et 17, en cours, et 15, à venir). Le développement des activités en France et à l’étranger est primordial pour le groupe qui doit aussi se préparer à l’ouverture à la concurrence (certes très progressive) de son fief historique.
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