Même si ce type d’accident est très rare, le rattrapage d’un tram par le suivant, survenu le 11 février sur une section en site propre de la ligne T2 à Issy-les-Moulineaux, pose question quant au principe de la conduite à vue.
Le 11 février, vers 21h, deux tramways circulant dans le même sens sont entrés en collision avec des voyageurs à leur bord sur la ligne T2 du tramway francilien entre les stations Issy-Val-de-Seine et Jacques- Henri-Lartigue. Selon la RATP, « la première rame, à l’arrêt, aurait été heurtée à l’arrière par la rame qui la suivait, ce qui l’a fait sortir de la voie ». Le bilan donné par les pompiers le soir de l’accident faisait état de « 11 blessés légers et un blessé grave ».
Catherine Guillouard, présidente- directrice générale de la RATP, s’est rapidement rendue sur le lieu du rattrapage, où la double voie du T2 longe celles du site de maintenance et de remisage (SMR) des Moulineaux (Hauts-de-Seine). La dirigeante a alors déclaré que « les circonstances ne sont encore ni connues ni établies », donnant toutefois une précision : « Un tramway cherchait à rentrer au SMR, il était en attente de manoeuvrer, un deuxième attendait derrière et c’est un troisième qui est rentré dans le second ».
Une enquête a immédiatement été déclenchée, indique la RATP, « afin de faire toute la lumière sur les circonstances de cet accident ». Sans en attendre les premières conclusions, toutes les équipes disponibles sont intervenues dès la nuit du 11 au 12 février pour procéder aux opérations de relevage des rames et vérifier les voies et caténaires. Mais vu l’ampleur des dégâts, les travaux devaient se prolonger plusieurs jours, y compris de nuit afin de rétablir le trafic entre Parc-de-Saint- Cloud et Issy-Val-de-Seine.
Située sur le tracé de l’ancienne voie ferrée de Puteaux à Issy- Plaine, non loin de la rive gauche de la Seine, la section sur laquelle le rattrapage est survenu le 11 février est en site propre. Le T2 étant un tramway, donc en principe un véhicule routier, la conduite se fait à vue sur ses voies, avec ici des panneaux de limitation de vitesse et des signaux de protection d’itinéraire. Cette conduite « routière », qui distingue le tram du train, présente-t-elle un niveau de sécurité suffisant ? La question s’est posée à Strasbourg après un rattrapage ayant fait 17 blessés dans le tunnel donnant accès à la station souterraine de la gare, en octobre 1998. Depuis, le tunnel a été doté d’une signalisation de type ferroviaire, avec découpage en cantons et feux, afin d’espacer le passage des trams. La question s’est également posée en Grande-Bretagne suite au déraillement d’un tram en survitesse dans une courbe serrée du tram de Croydon (Londres) en novembre 2016. Dans les conclusions de son rapport sur ce déraillement qui a fait sept morts et 58 blessés, le RAIB (bureau enquête accidents ferroviaires) envisage d’introduire un . De ces deux cas, il semble ressortir que pour plus de sécurité, le tram doive s’inspirer du train…