Pour éviter le grand embouteillage des pêcheurs du week-end, le rail est souvent la bonne solution. De plus en plus de parcours de pêche à la truite sont à portée de canne des gares du réseau ferré français. Comme au bon vieux temps de nos grands-parents. Inventaire non exhaustif.
Au début du siècle dernier et jusque dans les années cinquante, la gare de Limoges-Bénédictins était, chaque samedi matin de mars à septembre, envahie par une foule de pêcheurs à la ligne qui utilisaient le train pour rallier leur coin de pêche préféré sur l’une des nombreuses rivières et ruisseaux que produit le plateau de Millevaches. Dès 6 h du matin, des dizaines de pêcheurs en bottes avec cannes en bambou et paniers d’osier se rassemblaient dans le hall de la gare pour prendre d’assaut ces trains de la truite qui les déposeraient sur les quais d’une douzaine de gares puis les reprendraient le soir venu, les paniers remplis du poisson d’eau douce pré- féré des Français, qui ferait le bonheur des familles et des voisins.
« Mon grand-père et mon grand-oncle, raconte Bernard Capdeville, un retraité de l’industrie pharmaceutique, ne rataient pas ce rendez-vous hebdomadaire avec la ligne Limoges-Ussel qui longe la haute Vienne, croise la Vézère et leur permettait d’atteindre les nombreuses gares desservant les parcours de leur passion. J’étais impressionné autant par leur attirail que par leurs tenues vestimentaires, chemises blanches, cravates, gilets ; des tenues de citadins qu’ils por- taient peut-être pour signifier inconsciemment aux paysans qu’ils étaient bien de la ville ! ».
Le soir, toute la famille dégustait un joli plat de truites au beurre, des belles farios sauvages dont les populations allaient souffrir de la construction des barrages, de la surpêche liée à l’avènement de l’automobile et de toutes sortes de pollutions, industrielles, agricoles et domestiques. Jusqu’à ce que les associa- tions de pêche (AAPPMA) et leur fédération prennent conscience que cet héritage était menacé et qu’il fallait favoriser d’urgence une gestion patrimoniale des rivières.