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Gare Montparnasse 2019

Des voyageurs gare Montparnasse, le 20/10/2019 surpris par une grève du technicentre de Châtillon.

Les syndicats de la SNCF expliquent les raisons d’une grève imminente mais peu suivie

19 février 2025
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Par : Marie-Hélène Poingt

Le mouvement de grève annoncé pour le 21 novembre par les quatre principaux syndicats de la SNCF pourrait ne pas rencontrer un large soutien, selon les premières prévisions de l’entreprise. La SNCF anticipe un trafic presque normal pour les TGV et quelques perturbations sur certaines lignes régionales.

Les motifs de la grève sont variés et ambitieux : démantèlement du fret, concurrence dans les TER, et demande d’un plan de financement pluriannuel pour les infrastructures. Ces revendications semblent difficiles à atteindre, notamment en raison des mesures déjà avancées dans le cadre du plan de discontinuité de Fret SNCF et de la préparation des nouvelles filiales de la SNCF pour exploiter les TER à partir du 15 décembre.

Thierry Nier (CGT Cheminots), Fabrice Charrière (Unsa-Ferroviaire) et Thomas Cavel (CFDT Cheminots) expliquent leur décision de lancer cette grève de manière unie, avec en toile de fond les nouvelles négociations salariales qui débutent le lendemain à la SNCF.

Ville, Rail & Transports : Les motifs de votre appel à la grève sont très larges : fret, TER… Vous demandez même une loi de programmation pluriannuelle des investissements pour les infrastructures, ce qui relève du gouvernement. Pensez-vous que les cheminots peuvent se mobiliser sur ces thèmes?

Thierry Nier : Nous faisons face à une situation où l’interconnexion des thèmes peut mobiliser tous les cheminots. Nous dénonçons un processus de privatisation en cours, touchant le fret, les TER et même SNCF Réseau avec l’arrivée de la Société des Grands Projets. Tous les cheminots seront confrontés à cette privatisation, entraînant des changements dans l’organisation du travail. Cela crée de la colère, mais la colère ne se traduit pas toujours en mobilisation. Nous organisons des tournées d’explication et entendons beaucoup d’interrogations. Même l’encadrement du fret exprime sa colère face à la brutalité de l’annonce de son démantèlement. Il y a une volonté ancienne de liquider Fret SNCF pour se débarrasser d’un poids financier. Nous abordons ces sujets de manière unie avec un mouvement à double détente : une grève le 21 novembre, puis un appel à une grève illimitée et reconductible à partir du 11 décembre.

Fabrice Charrière : Ce mouvement concerne presque plus des questions sociétales que la SNCF : il porte sur des choix politiques. Moins de trains de fret signifie plus de camions sur les routes, au détriment de l’environnement. L’ouverture à la concurrence dans les TER en France n’est pas une bonne décision. Regardez l’Angleterre où le système ferroviaire est en train d’être renationalisé 30 ans après. Nous faisons l’inverse! Il faut se poser la question du coût de ces choix à l’avenir. Les mobilisations pourraient être plus fortes dans les activités les plus concernées : au fret, dans les régions touchées par l’ouverture à la concurrence, dont l’Ile-de-France… Toute grève a aussi un impact financier important qu’il ne faut pas négliger.

Thomas Cavel : Les trois points de notre préavis traduisent notre volonté de mettre dans le débat public des questions d’intérêt général. Ce sont des questions fondatrices sur ce qu’est le service public.

VRT : Ce mouvement n’arrive-t-il pas trop tard : Fret SNCF a cédé 23 flux et va disparaître dans quelques semaines et les deux sociétés de remplacement sont lancées…

Thierry Nier : Nous cherchons à faire changer le cours des choses depuis des années. Quand Clément Beaune a annoncé il y a un an et demi un plan de discontinuité pour Fret SNCF, nous avons immédiatement réagi avec des pétitions, des rassemblements… Nous n’avons pas ménagé nos efforts. Avec le nouveau gouvernement, nous ne nous attendions pas à des miracles. Mais un moratoire aurait laissé la possibilité de rediscuter avec la Commission européenne. J’y ai cru mais tout s’est effondré avec la décision de François Durovray. Ce qui explique la grève aujourd’hui.

Par ailleurs, la plateforme des trois demandes portées par les syndicats est un travail unitaire de long terme. Nous sommes tous d’accord sur le fond et sur la temporalité.

Fabrice Charrière : On reproche parfois aux cheminots de faire grève en prévention! Nous espérions ne pas en avoir à passer par ce rapport de force. Nous nous sommes rassemblés devant le ministère des Transports le 26 septembre à propos du fret. La réponse du ministre est arrivée le 28 octobre. C’est ce refus qui a déclenché le préavis de grève. Nous espérions passer par la voie diplomatique d’autant qu’une enquête parlementaire sur l’ouverture à la concurrence dans le fret préconisait un moratoire pour Fret SNCF. Le choix du nouveau gouvernement a été de s’entêter. Les organisations syndicales s’étaient mis d’accord en amont sur la stratégie. D’où nos décisions rapides.

Thomas Cavel : Le calendrier a été posé par les pouvoirs publics. Côté CFDT Cheminots, cela fait longtemps que nous combattons ces sujets. Notre position c’est de ne pas s’asseoir sur une chaise en attendant la fin du monde. C’est de notre responsabilité de remettre ces sujets sur la place publique. La question du fret semble aujourd’hui presque redécouverte. Pourtant cela fait des années qu’on en parle. Mais les pouvoirs publics ont fait le choix du pire. Il était impossible de rester sans répondre.

VRT : La concurrence dans les TER relève aussi des régions qui ont décidé de lancer des appels d’offres…

Thierry Nier : La SNCF porte aussi une part de responsabilité car quand SNCF Voyageurs décide de candidater à un appel d’offres, elle crée une filiale, ce qui conduira à des changements pour les droits des cheminots. SNCF Voyageurs pourrait répondre aux appels d’offres et exploiter directement les TER.

Fabrice Charrière et Thomas Cavel : La filialisation des sociétés dédiées à l’exploitation des TER est un choix de la SNCF, il n’y avait pas d’obligation de le faire dans tous les cas.

VRT : Les menaces de grève ne représentent-elles pas aussi une volonté de peser sur les négociations salariales (NAO) prévues demain à la SNCF?

Thierry Nier : La question salariale n’est pas présente dans le préavis. Les trois points identifiés sur l’avenir du système ferroviaire, sur le fret et la concurrence font consensus. Ce n’est pas tous les jours que les organisations syndicales se mettent d’accord sur des points aussi cruciaux.

Nous sommes à quelques jours de la liquidation d’un bel outil, Fret SNCF. Hexafret, qu’on pourrait rebaptiser Mortifret, ne pourra pas candidater pendant dix ans aux flux cédés par Fret SNCF. C’est une façon d’entraver son développement à l’avenir.

On nous explique aujourd’hui que le wagon isolé va beaucoup se développer et qu’il pourra bénéficier d’une aide publique. Ce qui n’était pas le cas jusqu’à présent : depuis l’ouverture de la concurrence dans le fret ferroviaire en 2006, aucun opérateur n’est venu sur ce créneau du wagon isolé car il était jugé non rentable. La seule entreprise qui faisait du wagon isolé, c’était Fret SNCF. La quasi-totalité de l’aide de l’Etat à Fret SNCF allait au wagon isolé car cette activité nécessite des moyens. Désormais, l’aide publique est considérée comme étant normale. Ne doit-on pas voir dans ce retournement de discours les velléités de quelques-uns qui veulent la liquidation de Fret SNCF?

Thomas Cavel : Si les NAO faisaient partie de la stratégie, on ne lancerait pas une grève le lendemain, mais le jour même pour éprouver le rapport de force. Nous ne voulions pas d’un mélange des genres. Mais pour nous, le jeu des salaires n’est pas une option. Nous y allons avec la ferme intention de négocier pour les salariés, même si on entend que l’austérité doit s’appliquer à tous les étages.

VRT : Comment jugez-vous le climat social global à la SNCF ?

Fabrice Charrière : Le climat social s’est apaisé à l’occasion des JO. Mais désormais on nous annonce des NAO réduites à peau de chagrin. Nous avons encore le temps de trouver des solutions d’ici Noël. Sinon, le climat social peut devenir compliqué.

Thomas Cavel : Le climat social est marqué par beaucoup d’inquiétudes. Des questions sociales et économiques se posent, ainsi que sur le financement du réseau : c’est quoi le devenir de notre outil de travail?

VRT : Que va-t-il se passer après le 21 novembre?

Thierry Nier : Les portes restent ouvertes si le gouvernement ou la SNCF veulent revoir leurs positions. Dès le 21 novembre au soir, nous nous réunirons pour voir ensemble quelle sera la suite.

Propos recueillis par Marie-Hélène Poingt

* Seul Sud Rail ne nous avait pas répondu au moment de la publication de cet article.

 

 

 



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