En dépit du contexte politique tendu, la commission de l’aménagement du territoire et du développement durable du Sénat a mené à terme son cycle d’auditions sur l’avenir du fret ferroviaire, initié il y a plus d’un an. Le 12 juin, Matthieu Chabanel, PDG de SNCF Réseau, a été le dernier intervenant. Devant les sénateurs, il a dressé un bilan des dernières années, soulignant que le fret ferroviaire a prouvé son utilité en 2021 et 2022, notamment durant la crise sanitaire. Le trafic a fortement repris, en particulier pour le transport combiné. Cependant, l’année 2023 a été marquée par une baisse de 13 % du trafic, due aux mouvements sociaux, à la hausse des coûts de l’énergie, au ralentissement de l’économie mondiale et aux difficultés logistiques.
Les cinq premiers mois de 2024 montrent une reprise encourageante avec une augmentation de 17 % du trafic de fret ferroviaire par rapport à la même période en 2023. Matthieu Chabanel prévoit un retour au niveau de 2022 d’ici 2025.
Un nouveau client par mois
Le contexte reste complexe, rappelle Matthieu Chabanel. Le réseau, qui accueille tous types de trafic, est particulièrement sollicité sur certains nœuds ferroviaires et fait l’objet d’intenses travaux d’entretien, de régénération et de modernisation. Cependant, la situation s’est considérablement améliorée pour les entreprises de fret au cours des dix dernières années. En 2013, SNCF Réseau répondait positivement à 70 % des demandes de sillons des entreprises de fret. Ce taux est passé à 88 % en 2023.
Le taux de ponctualité (à 30 minutes pour le fret) a atteint 82,1 % en 2023, en hausse de deux points par rapport à l’année précédente. En Allemagne, ce taux est de 60 %. SNCF Réseau joue également un rôle d’apporteur d’affaires en organisant des forums où les chargeurs peuvent rencontrer des entreprises ferroviaires, ce qui a permis de gagner un nouveau client par mois depuis un an.
SNCF Réseau ne privilégie pas systématiquement les trains de voyageurs. Par exemple, un chantier au nord de Dijon, sur la ligne Paris-Lyon-Marseille, a été réalisé en pleine journée pour éviter la suppression de 3000 trains de fret. Cette décision a été prise dans l’intérêt général des entreprises de fret.
L’importance du contournement de Lyon
Les trains de fret nécessitent des installations spécifiques, telles que des voies de service, des triages et des chantiers de transport combiné. Le plan de relance a permis d’augmenter les investissements dans ce domaine, passant de 20 millions d’euros par an à 50 millions. Les investissements ont également été réalisés sur des lignes capillaires fret, souvent dans le cadre de contrats de plan État-Région, pour les pérenniser. Ces choix sont faits en collaboration avec l’alliance 4F pour identifier et hiérarchiser les investissements.
Matthieu Chabanel insiste sur l’importance du contournement ferroviaire de l’agglomération lyonnaise pour le développement du fret ferroviaire. Un dossier a été soumis à Bruxelles pour obtenir des financements pour les études d’avant-projet.
Le PDG espère la signature du nouveau contrat de performance État-SNCF Réseau cet automne. Ce contrat donnera une trajectoire financière au groupe, essentielle pour assurer la robustesse du réseau. En 2024, 3,2 milliards d’euros seront consacrés à la régénération du réseau, après 3 milliards en 2023 et 2,9 milliards l’année précédente. 1,5 milliard d’euros supplémentaires sont prévus pour 2027-2028.
Interrogé par des sénateurs sur le scénario de discontinuité prévue pour Fret SNCF, Matthieu Chabanel a expliqué ne pas avoir accès à ce dossier en tant que gestionnaire des infrastructures. En revanche, il a souligné l’importance de préparer l’arrivée de la nouvelle société Fret SNCF pour assurer une transition sans couture.
Marie-Hélène Poingt
Interrogé par des sénateurs sur le scénario de discontinuité prévue pour Fret SNCF, Matthieu Chabanel a expliqué ne pas avoir accès à ce dossier en tant que gestionnaire des infrastructures. Comme il n’a pas accès, a-t-il souligné, aux documents de DB Cargo ou d’Europorte.
En revanche, a-t-il poursuivi, « nous sommes attentifs à préparer l’arrivée de la nouvelle société Fret SNCF » pour qu’elle se passe « sans couture ».