En Auvergne-Rhône-Alpes, 1 050 kilomètres de lignes sont menacés de fermeture. 830 km seront sauvés. La région a mobilisé ses partenaires pour trouver 264 millions d’euros. « Avec ses petites lignes dans un état apocalyptique, Auvergne- Rhône-Alpes était la région de France la plus menacée par l’importance des fermetures », assène un Laurent Wauquiez, président de région, dramatisant à l’extrême : un « état scandaleux » du réseau auquel la collectivité va remédier grâce à son « plan de sauvetage considérable » qui permet d’éviter « la fermeture catastrophique de lignes, véritable bombe à retardement » héritée de l’exécutif précédent. Ce dernier, d’ailleurs conscient de la situation de vétusté, avait demandé à la SNCF un rapport, publié au printemps dernier, qui a servi de base de travail pour le plan de sauvetage présenté par Laurent Wauquiez le 3 novembre dernier.
Le bilan : 1 050 kilomètres de lignes, soit 25 % du réseau, étaient condamnés à court et moyen termes sur les deux territoires rhônalpin et auvergnat. Le plan permettra d’en sauver 830 km grâce à un effort financier partagé par différents partenaires. Ainsi, le plan prévoit un investissement total de 264 millions d’euros qui s’inscrit dans l’actuel contrat de plan Étatrégion (CPER) 2016-2020. « C’est pratiquement le double de ce qu’avait prévu la précédente majorité avec 140 millions, l’effort régional a fait effet de levier », commente Patrick Mignola, vice-président aux Transports. Dans le détail, la région apporte 111 millions d’euros (contre 86 millions initialement), l’État 50 millions (contre 40 millions) et SNCF Réseau, 38 millions (au lieu de 13). Le solde (65 millions) de l’enveloppe devrait être bouclé lors d’une deuxième clause de revoyure du CPER en 2017 et grâce à l’apport des collectivités partenaires, communes, conseils généraux et… régions voisines concernées par les lignes interrégionales.
Par exemple avec Paca pour l’axe Grenoble – Gap, le Centre-Val de Loire à partir de Montluçon ou l’Occitanie pour les lignes Clermont-Ferrand – Nîmes et Béziers. « L’infrastructure et l’interrégional, ce n’est pas notre job, on veut que l’État nous aide aussi sur ces dessertes comme il le fait pour les rares TET sauvés avec Paris – Briançon, le Cévenol ou l’Aubrac », plaide Laurent Wauquiez. Et d’ajouter : « Contrairement à la précédente région qui en parlait beaucoup, nous agissons pour la défense du service public et une vraie politique de développement durable et d’aménagement du territoire. » De quoi ravir les syndicats de la SNCF, moins sa direction et l’État qui sont prévenus pour les négociations de la future clause de revoyure. Ces choix d’aménagement – et de revitalisation – du territoire expliquent que le sauvetage ne porte pas seulement sur « les lignes les plus menacées et les plus fréquentées ». Lyon – Bourg-en-Bresse (3 950 voyageurs/jour) ou Valence – Die (600 voyageurs/j) sont maintenues, mais aussi la ligne Issoire – Brioude (250 voyageurs/j). « Fermer, c’était condamner les territoires », insiste Patrick Mignola. En revanche, deux lignes ne seront pas sauvées : Boën – Thiers (qui nécessitait un investissement de 40 millions d’euros pour 30 voyageurs/j !) et Oyonnax – Saint-Claude (huit millions pour 30 voyageurs/ j), tandis que deux lignes vont rouvrir : Montbrison – Boën (en 2018) et Volvic – Mont-Dore pour le fret des eaux minérales.