On a craint que l’absence de TGV ne signe l’arrêt de mort d’Epernay. Elle ne l’a pas réclamé, donc elle ne se plaint pas. Il faut dire qu’elle est gâtée par le réseau classique.
Epernay fait-elle partie de ces grandes oubliées du transport ferroviaire ? Les élus locaux et les milieux économiques l’ont craint au moment où la ligne du TGV Est était tracée. Délaissée, la troisième ville de la Marne avec ses quelque 25 000 habitants, le TGV passant par Reims en juin 2007 ! Epernay se voyait perdre d’un coup sa position enviée de ville relais vers la capitale. Le déclin redouté n’a pas eu lieu. Les élus ont su se faire entendre quand un nouveau plan de transport express régional (TER) a été étudié. « Nous nous étions résignés au passage du TGV au sud de Reims. Mais nous voulions des contreparties à l’investissement de la région pour le TGV. Nous demandions des dessertes en nombre suffisant », raconte Franck Leroy, le maire d’Epernay. La situation d’Epernay était toutefois un peu particulière, reconnaît l’élu. « Elle est à l’intersection de grandes villes de la Marne. » Avant l’arrivée du TGV Est, la capitale des grands crus de champagne bénéficiait d’une vingtaine de liaisons quotidiennes. « L’offre était pléthorique, quasiment surabondante ! », souligne Franck Leroy. Au départ, les hypothèses les plus basses ne retenaient plus que six relations quotidiennes avec Paris. Au terme de discussions animées, une desserte quasiment cadencée aux heures de pointe a été lancée (et toutes les deux heures durant les heures creuses). « Si Epernay avait été seule à mener les discussions, je ne sais pas si nous aurions obtenu satisfaction. Mais les élus des villes comme Château-Thierry et Châlons-en-Champagne se sont regroupés pour réagir ensemble. Nous avons su être unis. » Et Franck Leroy ajoute : « La SNCF a respecté ses engagements. » La gare d’Epernay bénéficie aussi de liaisons avec Reims, Châlons-en-Champagne, Saint-Dizier, Vitry-le-François ou Nancy. Les voyageurs peuvent facilement rejoindre la gare de Champagne-Ardenne-TGV via la gare centrale de Reims. Ils peuvent aussi et surtout jouer sur tous les tableaux, TER, Intercités ou TGV. Le parcours entre Epernay et Paris demande désormais un peu plus de temps (une dizaine de minutes de plus au minimum). « Mais nous avons conservé l’essentiel : l’avantage d’être bien relié au réseau ferré », affirme Franck Leroy. Ce qui met Epernay au mieux à 1 heure 09 de Paris et à 19 minutes de Reims. Selon le maire, même implanté dans sa ville, le TGV n’aurait pas forcément attiré de grandes entreprises. « Ce cas de figure joue pour des agglomérations plus importantes. Nous sommes en pleine zone de vignobles et il n’y a pas assez de population. » De même, il n’a pas le sentiment que les touristes se soient détournés vers Reims, « car nous avons le TGV à portée de main ». D’autant que l’écrasante majorité des visiteurs viennent en voiture. Absolument nécessaire quand on veut repartir avec des coffres remplis de bouteilles de champagne !