Autour de la gare TGV Haute-Picardie, une petite zone d’activités industrielles s’est installée. Qui ne rencontre malheureusement pas encore le succès attendu.
En même temps que la gare TGV Haute-Picardie s’ouvrait au public en 1994, une petite zone de 30 ha était réservée pour des activités industrielles. Une décision prise par la CCI (chambre de commerce et d’industrie) et la communauté des communes de Haute-Picardie, créée la même année. « Cette zone a été opérationnelle en 2002. Nous avons alors décidé son extension sur 70 ha, qui s’est achevée en 2008… au moment de la crise. Les projets ont été bloqués », raconte Béatrice Daudré, la directrice de la communauté de communes de Haute-Picardie. 1 200 m2 de bureaux devant la gare sont toutefois encore attendus. Ils devraient être livrés dans moins d’un an. Mais leur raison d’être n’est pas en lien direct avec la gare. « Nous sommes dans un secteur où les terres sont rares et chères », rappelle Béatrice Daudré. « Ce sont des laboratoires, des sociétés d’experts-comptables qui viendront s’installer là mais qui ne comptent pas particulièrement utiliser la gare. Seules peut-être quelques entreprises feront la navette avec Lyon. » La plupart des entreprises situées sur le secteur estiment que les horaires sont peu adaptés pour aller à Paris, ajoute Béatrice Daudré, qui précise que cette gare est plutôt utilisée pour les relations province – province. Mais le principal souci n’est pas là : il touche à la géographie des lieux. « Il n’y a pas de repère urbain, à l’image du nom de baptême de cette gare devenu fameux : c’est la “gare des Betteraves”. Or, Amiens est facilement accessible grâce à l’A29. Toute cette polémique autour de l’implantation d’une gare au beau milieu des champs ne nous a pas aidés », estime Béatrice Daudré. Selon elle, le projet de développement économique aurait mieux fonctionné s’il avait bénéficié d’une « réelle volonté politique fondée sur une stratégie commune partagée par les départements et la région ». C’est aussi l’avis de Jacques Quillet, son prédécesseur à la tête de la communauté de communes. « Il faut toujours avoir une vision à moyen et long terme », souligne-t-il. Or, la gare est née dans un contexte de conflit, élus d’Amiens contre élus de Lille, chacun réclamant que sa ville soit desservie par la ligne à grande vitesse Nord. Comme chacun sait, Lille l’a emporté. « Le département et la région ont tout de même réussi à obtenir un arrêt dans la Somme », rappelle Jacques Quillet, qui y voit « la conséquence d’un manque d’imagination en termes d’aménagement du territoire ». De même, le choix du type d’entreprises à attirer dans la zone industrielle de la gare s’est fait par défaut. « On a retenu des sociétés de production car il ne fallait pas de grandes surfaces commerciales qui risquent de créer des déserts commerciaux dans les villes voisines d’Amiens ou de Saint-Quentin », poursuit Jacques Quillet. « D’un autre côté, il était aussi difficile d’attirer des sociétés industrielles car nous étions en concurrence avec Cambrai ou Saint-Quentin. » Autre désavantage, toujours selon Jacques Quillet : « Nous sommes proches d’une ville et d’un bassin d’emplois un peu juste. Et le niveau de qualification n’est pas très élevé. » 300 emplois ont tout de même été créés dans cette zone industrielle de la gare TGV Haute-Picardie. Et 15 millions d’euros ont été investis par la communauté de communes, aidée par l’Etat, la région et le Feder (Fonds européen de développement régional). L’avenir s’annonce plus prometteur, juge Béatrice Daudré. « Nous mettrons simplement un peu plus de temps que les autres. » Surtout si le projet de canal Seine – Nord-Europe qui doit passer à 3 km de là voit le jour. « Des bureaux d’études vont sûrement venir s’installer sur notre site », se réjouit-elle. Une zone logistique est prévue au carrefour des autoroutes A1 et A29. Mais la réalisation du canal Seine – Nord reste à confirmer. Et là, c’est une autre histoire…