Quatre ans après la mise en service de la ligne, les effets du TGV Est sur l’urbanisme sont visibles, mais son impact sur l’économie locale reste plus incertain.
Les effets du TGV Est sur l’urbanisme à Nancy sont incontestables (écoquartier Nancy Grand Cœur, chantier en cours du centre de congrès Jean-Prouvé, entrée Kennedy à la gare SNCF…), mais son impact sur le développement économique de la ville reste diffus. Quatre ans après la mise en service de la ligne, la direction régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement (Dreal) de Lorraine a évalué à 450 millions d’euros l’ensemble des investissements liés à l’urbanisme par les collectivités et les acteurs privés à Nancy, soulignant la dynamique créée par le TGV depuis 2007. Mais la chambre de commerce et d’industrie regrette déjà le décalage entre le projet immobilier initial sur l’emprise de la SNCF, très ambitieux, et la lenteur des réalisations. La création d’une offre de bureaux aurait d’ailleurs abouti, selon la Dreal, à un « mouvement de chaises musicales » des entreprises (CIC, Transalliance), ayant seulement rapproché leurs effectifs nancéiens du centre-ville. Et les loyers du quartier gare seraient restés « stables », la crise récente de l’immobilier ayant effacé l’effet dynamisant à la hausse du TGV.
« L’impact du TGV sur le dynamisme économique de la ville n’est pas encore quantifiable », estime Nadia Gintzburger, directrice de l’agence DTZ de Nancy, spécialiste de l’immobilier d’entreprise. « Pour le moment, les pouvoirs publics anticipent la création de 45 000 m2 de bureaux, mais un seul immeuble, sur 7 000 m2, a été construit sur le site de la gare. Il existait pourtant une forte attente chez les acteurs socio-économiques avec ce vecteur TGV que la ville espérait depuis vingt-cinq ans ! Point positif, les milieux d’affaires nancéiens disposent maintenant d’un outil fabuleux pour se rendre à Paris en une heure et demie. »
Pour Nicolas Millot, chargé de développement à la chambre de commerce et d’industrie de Meurthe-et-Moselle, « placer la gare Lorraine à mi-chemin entre Nancy et Metz a été un élément de faiblesse. Les intérêts des chefs d’entreprise ne sont pas les mêmes que ceux des politiques ». André Bonal, président du Medef de Meurthe-et-Moselle, confirme les attentes insatisfaites des milieux économiques : « La future gare d’interconnexion, à Vandières, se trouvera à proximité de la zone d’activités existante de Chambley, et de nouvelles surfaces seront dédiées à l’implantation d’entreprises. Tant qu’ils n’auront pas vu les aménagements promis, complexes et chers pour les collectivités, les investisseurs resteront en position d’attente. »
Pour Gérard Rongeot, vice-président de la communauté urbaine du Grand Nancy, « aucune stratégie d’anticipation des effets du TGV n’avait prévu la création de zones industrielles. Nancy est une ville universitaire, un centre de services marchands, et le TGV est son catalyseur. C’est l’intérêt premier des opérations immobilières qui continueront de se développer sur les 15 ha de terrains touchés par nos projets d’urbanisme autour de la gare centrale. »