King’s Cross entre dans la lumière
A proximité immédiate de la gare de Saint Pancras, qui a bénéficié d’une rénovation très poussée avec l’arrivée d’Eurostar en 2007, King’s Cross faisait alors pâle figure. Mais depuis le 14 mars dernier, cette grande gare londonienne fait sensation avec son nouvel accès couvert. A la fois discrète (elle ne se voit pratiquement pas de la rue) et audacieuse (sa verrière enroulée autour d’un tronc central a une portée de 52 m), cette nouvelle structure recouvre une cour en demi-cercle de 2 500 m2, délimitée par la face ouest de la gare, construite en 1852, et un hôtel voisin. Cette verrière, sous laquelle une lumière d’ambiance prend le relais lorsque la luminosité baisse, permet de tripler la surface de la gare accessible au public. Les départs y sont affichés à une dizaine de mètres au-dessus du cheminement par lequel les voyageurs passent quasiment sans obstacle de la rue aux quais, alors que de nouveaux commerces ont été établis en mezzanine autour d’un balcon intérieur. Au rez-de-chaussée, se trouvent les distributeurs de billets de banque, la vente de titres de transport, dans un hall restauré dans son état d’origine (très sobre), et d’autres commerces. L’achèvement de ce nouvel accès à King’s Cross marque l’avant-dernière étape du plan de modernisation de ce pôle d’échanges partagé avec Saint Pancras (cinq lignes de métro, Thameslink). Lancé début 2010, ce plan chiffré à 550 millions de livres (660 millions d’euros) est pour l’essentiel terminé avant les Jeux olympiques de 2012. Il comprend également l’établissement d’un nouveau quai, numéroté « 0 » (les fans de Harry Potter auraient sans doute préféré « 9 3/4 » !) Reste à démolir, d’ici un an, l’auvent de l’actuelle salle d’échanges, basse de plafond, qui défigure depuis 1972 la façade principale de la gare.
La gare de Lyon voit grand
D’ici cet été, une immense verrière (4 000 m2 pour l’accueil, les services et une cinquantaine de commerces) et une nouvelle façade enrichiront le bâtiment de la gare de Lyon, célèbre pour son campanile (dont l’horloge a été remise en service en 2005), ses fresques et son restaurant. Ce nouvel ajout, qui recevra des cellules photovoltaïques en toiture pour fournir de l’électricité à la gare et permettra de recueillir les eaux de pluie pour arroser les plantes et laver les sols, se chiffre à 70 millions d’euros, soit presque dix fois moins que le plan londonien. Mais la gare de Paris-Lyon, dont l’actuel bâtiment remonte à 1900, bénéficie déjà de 35 ans de remaniements successifs. Entre 1977 et 1981, la mise en service du RER A, de la gare de banlieue souterraine et du TGV a transformé cette gare terminus, jusque-là desservie par une seule ligne de métro, en un pôle d’échanges majeur, complété par l’arrivée de la ligne 14 du métro en 1998. Les salles souterraines réalisées pour ces échanges à la fin des années 1970 avaient déjà été quasi reconstruites pour l’arrivée du TGV Méditerranée en 2001. Mais il fallait faire plus car, avec l’arrivée en décembre 2011 du TGV Rhin – Rhône, la situation allait devenir intenable. Car si 90 millions de personnes transitent annuellement par la gare de Lyon, soit le double de King’s Cross (45 millions de voyageurs annuels), les installations de la gare parisienne seront désormais dimensionnées pour 30 % de voyageurs en plus. Reste à voir si la capacité suivra, côté trains : malgré l’ajout des voies « à chiffres » en 1927 dans un deuxième hall, à gauche des voies « alphabétiques » de 1900, puis d’une gare banlieue en souterrain en 1980 (aujourd’hui gare du RER D), le récent transfert de certains trains à la gare annexe de Bercy n’est pas du goût de tous, en particulier des usagers de la ligne de Clermont-Ferrand… P. L.
© Hufton and Crow