Le TGV M, la nouvelle génération de trains à grande vitesse, continue de se dévoiler progressivement. Il y a moins d’un an, la livrée du TGV M a été révélée, et quelques mois auparavant, la SNCF a présenté ses nouveaux sièges. Le 11 mars, la SNCF a organisé une visite à la gare de Lyon pour dévoiler l’intérieur de ce train, fruit d’un partenariat avec Alstom.

Cette cinquième génération de TGV se distingue par plusieurs innovations marquantes : les espaces sont plus ouverts et les portes d’accès aux plateformes ont été supprimées. Les racks à bagages sont plus grands et ne sont plus séparés des voyageurs par des portes, permettant une surveillance plus facile des bagages. Les sièges en première classe sont plus larges de 5 cm, et les passagers en seconde classe bénéficient de 5 cm supplémentaires pour les jambes.

Une épicerie en libre service

Une autre grande nouveauté est la voiture-bar, rebaptisée « Le bistro TGV Inoui ». Conçue comme une épicerie, elle s’étend sur deux niveaux. Au niveau inférieur, un espace en libre-service permet aux voyageurs de se servir, de réchauffer leurs plats au micro-ondes ou de prendre un café à une machine automatique. Le paiement se fait également à une borne automatique. Au niveau supérieur, 28 places assises permettent de se restaurer sur place. Un ou deux baristas superviseront l’ensemble, précise le transporteur.

Les vitres sont plus larges et l’éclairage, entièrement LED, s’adapte à la vitesse du train : plus doux en marche, plus intense à l’arrêt. Le design intérieur a été réalisé par l’Arep, filiale de SNCF Gares & Connexions, en partenariat avec l’agence japonaise Nendo.

Pression du client

« C’est le TGV le plus moderne d’Europe, peut-être du monde », a affirmé Henri Poupart-Lafarge, directeur général d’Alstom. 11 sites en France ont contribué au projet. Le constructeur a investi 50 millions d’euros pour automatiser et augmenter ses capacités, répondant ainsi à la pression de son client qui attend ce TGV depuis plus de trois ans.

Les essais d’admission sont en cours et se poursuivront jusqu’à mi-2025. Le TGV M devrait parcourir plus d’un million de kilomètres en pré-exploitation grâce à quatre rames d’essai. Avant lui, seul le TGV orange avait été testé aussi intensivement.

Concurrence

Dix premières rames sont attendues début 2026, suivies de neuf autres d’ici la fin 2026. Elles commenceront leur service sur l’axe Paris-Lyon-Marseille. 15 rames supplémentaires seront livrées annuellement. SNCF Voyageurs prévoit de remplacer les TGV actuels sur cet axe, où circulent actuellement 89 rames.

Au total, 115 rames ont été achetées pour 4 milliards d’euros, financés par les fonds propres de la SNCF. Le TGV M doit répondre à deux enjeux stratégiques, explique Christophe Fanichet, PDG de SNCF Voyageurs : répondre à la hausse de la demande de voyages en train et affronter la concurrence. « Nous voulons accroître de 15 % l’offre dans les prochaines années », précise le dirigeant. Avec 20 % de capacité en plus, ce TGV y contribuera. La modularité de ce matériel sera également un atout, permettant de proposer jusqu’à neuf voitures (au lieu de huit actuellement par rame) et de le composer avec une ou plusieurs voitures en première classe, une voiture-bar ou non.

Il permettra également de circuler ailleurs en Europe, notamment en Italie où SNCF Voyageurs espère faire rouler ses premiers TGV nouvelle génération fin 2026-début 2027.

M.H.P

Plus de 400 innovations

Depuis son lancement en 2016, 2000 collaborateurs ont travaillé sur le programme chez SNCF Voyageurs et chez Alstom. Un plateau commun a été mis en place pour repartir d’une page blanche et concevoir la cinquième génération de TGV. 1800 ingénieurs et techniciens y ont participé, précise Christophe Fanichet, PDG de SNCF Voyageurs. « Plus de 400 innovations ont été lancées pour disposer d’un train plus résilient et plus économe en énergie », ajoute le dirigeant.

Le TGV du futur consommera 20 % d’énergie en moins que les TGV actuels, offrira 20 % de places en plus et coûtera 30 % de moins en maintenance. C’est le technicentre Sud Est Européen avec ses 850 salariés qui gèrera la maintenance. « La maintenance sera 100 % connectée. Le métier des mainteneurs va changer », souligne Christophe Fanichet.

Un train plus accessible

La SNCF affirme avoir travaillé main dans la main avec des associations de personnes handicapées, notamment APF France, pour faciliter l’accès au train. « Ce sera le premier TGV dans lequel un voyageur en fauteuil roulant pourra embarquer en toute autonomie », souligne Christophe Fanichet. Leur embarquement sera permis par une plateforme élévatrice et un comble-lacune assurant une continuité entre le quai et le seuil de la porte. Une voiture est dédiée aux PMR avec cinq places UFR. Entre autres changements, l’espace toilettes, plus large, a été réaménagé.

Nouvelle numérotation des places

Les numéros de siège affichent trois chiffres dans le nouveau TGV. Le premier correspond au numéro de la voiture. Le second au siège (de 1 à 39 en bas et de 40 à 99 en haut).

Essais d’admission

Les essais actuels réalisés avec le TGV consistent à tester son fonctionnement en reproduisant les configurations et contextes qu’il pourra rencontrer tout au long de sa vie (modes dégradés, conditions météorologiques particulières, points singuliers du réseau). Les circulations se font jusqu’à 320 km/h sur le réseau national et doivent permettre d’obtenir l’Autorisation de Mise sur le Marché délivrée par l’ERA (European Railways Agency).