« Dire que dans cette histoire d’Eurotunnel que la France fait du protectionnisme est une lecture un peu primaire des choses » nous a indiqué le secrétaire d’Etat chargé des Transports lors d’un entretien. « Le ferroviaire est fondé sur les règles de sécurité. Le problème principal qui peut se poser dans le tunnel est un problème d’incendies. J’ai vu l’état du tunnel après un incendie, et je dis qu’il n’est pas absurde que l’on regarde bien cette question avant de commander un nouveau train ». Contrairement à ce qu’affirme Eurotunnel, Dominique Bussereau estime que la sécurité des trains à motorisation répartie ne va pas de soi : « Le matériel qui a été conçu à l’époque pour circuler dans le tunnel était un monstre en terme de sécurité, avec pour avantage de pouvoir repartir dans l’autre sens quand la motrice de tête ou de queue est en panne. On a fait un essai, c’est bien, mais dans un tunnel l’ennemi c’est la fumée : que fait-on si les gens doivent marcher 175 mètres dans la fumée ? » questionne le ministre. Dominique Bussereau dément toute manœuvre visant à favoriser l’industriel national : « Les doutes sur le train Siemens auraient pu tout aussi bien concerner le train qu’avait proposé Alstom qui était également à motorisation répartie » nous a-t-il indiqué. Alors que les gouvernements Anglais et Allemand semblent mobilisés sur cette question, Dominique Bussereau joue l’apaisement : « Il faut faire évoluer le système de sécurité du tunnel pour pouvoir accueillir d’autres trains que les Eurostars ou les locomotives Eurotunnel. Il doit y avoir des solutions, mais cela vaut la peine que l’on y réfléchisse. Pour trouver une issue à cette question, au-delà des expertises françaises ou britanniques, nous proposons de faire intervenir l’Agence européenne de sécurité ferroviaire ».