Le prochain train Alstom destiné aux régions françaises est à l’heure ! Le 14 juin, quatre mois après avoir dévoilé les premiers chaudrons du Regiolis en cours d’assemblage dans son usine alsacienne de Reichshoffen, le constructeur présente le premier train. Formé fin mai, cet élément de longueur « moyenne » (72 m) compte quatre voitures. Sa livrée est neutre (teinte grise) ; il représente la version bimode bitension commandée par la Haute-Normandie. Deux des voitures de ce premier Regiolis, une caisse d’extrémité et sa voisine, ont été aménagées de façon complète en 2e classe, avec 2+2 sièges en largeur, options racks à bagages et porte-vélos comprises. Les écrans pour les informations destinées aux voyageurs sont en place et les aménagements de la deuxième voiture sont conformes à la STI PMR, avec comble-lacune et toilettes accessibles UFR (unités en fauteuil roulant). Quant aux deux autres voitures, elles sont équipées de dispositifs d’essais.
En effet, l’élément présenté le 14 juin est le premier de dix Regiolis de présérie. Les neuf autres sont en cours de fabrication et déjà le deuxième train est en partie prêt : il s’agit cette fois d’une rame de « grande » longueur (110 m), également bimode bitension, dans une configuration commandée par l’Alsace. Les dix Regiolis de présérie représenteront un patchwork de tous les types commandés : entre ces éléments, seront testées toutes les combinaisons possibles lors des circulations en unités multiples. Précisons que ces 10 rames de présérie ne sont pas exactement celles qui seront livrées aux régions, car entre présérie et série la fabrication sera arrêtée pour tenir compte des modifications à apporter. L’Aquitaine recevra ainsi la première rame de série, en 2013, et un an plus tard environ les rames de présérie seront réinjectées dans la fabrication pour être ensuite livrées, une fois remises au type… et à neuf !
Ce sont les changements intervenus ces dernières années dans le paysage ferroviaire, en particulier au niveau de la certification, qui ont entraîné la réalisation préalable de ces rames de présérie, avec lesquelles sera mené un planning d’essais plus longs et plus fouillés que du temps où la SNCF maîtrisait tous les aspects de la mise en service du matériel roulant. Les essais dynamiques commenceront dans les prochains jours par des allers et retours sur la voie d’essais de Reichshoffen, à 40 km/h jusqu’en juillet, puis progressivement jusqu’à 100 km/h. Les essais à pleine vitesse auront lieu entre octobre et fin 2011 ; jusque-là, il s’agira d’essais de validation, internes à Alstom, pour « vérifier si ça marche ». Viendront ensuite les essais d’homologation, avec auditeurs extérieurs, pour vérifier la conformité du train, question sécurité, par rapport à la procédure de l’EPSF.
Tous ces essais, qui devront être terminés en juin 2012, se dérouleront de préférence sur des voies ou anneaux de test plutôt que sur les réseaux ferrés, l’accès à ces derniers nécessitant des demandes de sillons. Certains essais se dérouleront à Vélim (République tchèque), tant pour la validation que pour l’homologation.
A ce jour, 166 Regiolis ont été commandés par 11 régions, dans deux des trois longueurs proposées par Alstom, en version électrique bitension (1,5 kV continu et 25 kV 50 Hz) ou bimode bitension et avec trois aménagements différents (périurbain, régional ou interville). Une version tritension, également apte à fonctionner sous 15 kV 16,7 Hz en Suisse ou en Allemagne, fait également partie de l’offre de base.
Maintenant que le Regiolis est sur les rails, Alstom s’est engagé dans une réflexion sur les trains d’équilibre du territoire (TET), avec la SNCF. En partant du Regiolis interville, il s’agirait de développer un produit différent en matière de confort, tirant profit de la motorisation bimode et autorisé à 200 km/h en traction électrique, argumente Alstom. Un tel train aurait une charge par essieu et une masse nettement moins élevées que les rames Corail tractées par des locomotives. Ce qui résoudrait, au profit d’Alstom, la question du renouvellement du parc actuel des TET, tout en permettant de substantielles économies d’énergie…