Paris – Normandie, laboratoire de l’après-TGV
La ligne nouvelle Paris – Normandie a une particularité forte, que signale son intitulé. C’est une ligne nouvelle, pas une ligne à grande vitesse. Le projet, dont on a connu une première forme il y plus de vingt ans sous le sobriquet de TGV Fabius, a depuis bien changé. L’idée initiale de grande vitesse de Paris jusqu’au Havre s’est métamorphosée en une proposition plus complexe, tenant compte de la nécessité d’assurer avant tout une desserte robuste, régulière et rapide entre Paris et Rouen en 45 minutes, d’accélérer les relations avec Le Havre et Caen, qui l’une et l’autre seraient à 1 heure 15 de Paris, et d’améliorer la desserte entre Caen et Rouen. Celle-ci passerait à 45 minutes, ce qui redonnerait des chances au train face à l’automobile. Le projet est d’emblée à dimensions multiples. D’autant qu’aux divers aspects du transport de voyageurs, vient s’ajouter une dimension fret, vitale pour le premier port français. Parmi les grands choix qui seront mis au débat, celui du site de la future gare de Rouen. La gare actuelle est saturée, et deux sites sont envisagés pour une gare nouvelle. Ce sera soit Saint-Sever, projet mûri de longue date par la communauté d’agglomération et la région, soit Sotteville.
Les élus normands tenaient beaucoup à une relation directe avec l’aéroport de Roissy. L’objectif semble retenu… à long terme, la solution initiale étant la correspondance avec le métro du Grand Paris dans une gare à La Défense. Deux sites sont envisagés pour celle-ci : soit à Nanterre-la-Folie, soit près de la Grande Arche. Le coût total du projet selon les choix effectués devrait s’établir entre 10 et 15 milliards d’euros. Le président de la commission particulière du débat public est Olivier Guérin, qui était membre de la commission du débat public Eole. La Commission nationale a arrêté le calendrier du débat qui aura lieu du 3 octobre 2011 au 3 février 2012. Vingt-trois réunions publiques sont programmées. Au-delà même de la desserte normande, la ligne fait figure de laboratoire. Pour un nouveau type de desserte, et pour une nouvelle gamme de trains aux caractéristiques différentes de celles des TGV : en termes d’accélération, de freinage, de vitesse maximale, de structure de caisse aussi, afin de faciliter les descentes et montées fréquentes. Bref, l’ensemble des caractéristiques font de cette ligne, dont on ne donnait pas cher il y a vingt ans, un laboratoire du train post-grande vitesse.
F. D.
Paris – Lyon : les élus vont plaider pour une meilleure desserte du grand Centre
A partir du 3 octobre et jusqu’au 31 janvier, 26 réunions publiques sont prévues pour présenter la LGV Paris – Orléans – Clermont – Lyon, ou POCL, un des projets retenus par le Grenelle de l’environnement et devant être lancé après 2020. Le public est appelé à s’exprimer sur les quatre scénarios de tracé proposés par Réseau ferré de France, ainsi que sur tous les autres aspects : gares nouvelles, financement ou impact sur l’environnement. « Nous observons déjà une mobilisation très forte des élus dans les régions Centre, Bourgogne, Auvergne, mais aussi en Rhône-Alpes autour de Roanne », souligne Michel Gaillard, le président de la Commission particulière du débat public (CPDP). Les élus auvergnats ont déjà fait connaître leurs préférences pour deux passages : le tracé dit Ouest et celui dit Ouest Sud, irriguant l’Auvergne, notamment Montluçon et Vichy avant de relier Lyon. Deux options rejetées par les élus de la Nièvre, qui plaident pour un tracé plus à l’est, plus proche de Nevers. Tous craignent qu’une logique purement financière ne dicte les choix pour ce projet évalué entre 12,5 et 14 milliards d’euros suivant les options. La perspective d’une saturation de la ligne actuelle à grande vitesse Paris – Lyon a relancé l’intérêt d’un projet souvent évoqué. Selon RFF, la LGV permettrait d’abaisser le temps de parcours entre Paris et Clermont-Ferrand à moins de deux heures et de relier Orléans au réseau à grande vitesse. Elle améliorerait aussi la desserte de Bourges et des villes du grand centre. Barbara Dalibard, directrice générale SNCF Voyages ; dit simplement que la SNCF « souhaite pouvoir arriver à Lyon dans des conditions au moins aussi bonnes qu’aujourd’hui. C’est-à-dire en moins de deux heures ». Ce qui privilégierait un tracé très direct entre Paris et Lyon et mécontenterait nombre d’élus. A la fin du débat public, la CPDP disposera de deux mois pour présenter son compte rendu. Ce sera alors au tour de RFF de prendre position dans les trois mois.
Marie-Hélène POINGT
Campagne pro TGV. La Nièvre utilise l’image de Mitterrand
«Avec le TGV à Nevers, il aurait pu être là tous les jours. » Ce message apposé au-dessus du profil du plus célèbre des Nivernais, François Mitterrand, s’affichera durant tout le mois de septembre dans la Nièvre. La ville de Nevers, son agglo, la CCI et le conseil général ont en effet décidé de lancer une grande campagne de communication « Mobilisez-vous ! sur lgv-en-nievre.info », alors que le débat public sur le projet de LGV Paris – Orléans – Clermont-Ferrand (POCL) doit se tenir du 4 octobre au 25 janvier. « Le TGV doit s’arrêter dans la Nièvre et les Nivernais se mobilisent en masse pour l’exiger », affirme le communiqué des collectivités. Avec un temps de parcours en TGV de Paris qui passerait de 1 h 50 à une heure, l’enjeu est considéré comme « vital » pour le département. L’un des quatre scénarios envisagés, le tracé ouest – sud, s’écarterait trop de Nevers aux yeux de la Nièvre qui le juge aussi « le plus coûteux, le plus long, le moins respectueux de l’environnement ».
La campagne de mobilisation se déroulera en deux temps. Après l’affiche à l’effigie de l’ex-Président de la république, qui avait inauguré la première LGV en 1981, deux enfants penchés sur une maquette de TGV prendront le relais pendant trois mois pour mobiliser la population sur cette ligne attendue à horizon 2020. Slogan : « Avec le TGV à Nevers, à nous la France à grande vitesse ! ». « En choisissant le TGV, c’est à l’avenir de nos enfants que nous pensons », justifie le département. Quant à l’utilisation de l’image de Mitterrand, ce n’est pas une démarche politique, précise-t-on. D’ailleurs, la photo choisie est antérieure à son élection. Le but est juste de jouer sur l’effet de surprise…
C. N.
Auvergne et Allier en campagne également…
Dans l’Allier, les abris-voyageurs sont déjà constellés d’affiches, plus traditionnelles, montrant un homme rêveur et le slogan : « Le TGV dans l’Allier. C’est demain et c’est possible ! ». La campagne est relayée par une pétition en ligne (www.allier.fr) sur la page Facebook du département et dans les publications municipales des villes et agglos de Moulins, Montluçon et Vichy. A partir du 4 octobre, le message sera : « Tous pour le TGV ! C’est maintenant ». Car « dans un débat public, l’avis de chaque citoyen compte », martèle le président du conseil général, Jean-Paul Dufrègne. Et, bien sûr, impossible d’imaginer que la région la plus mobilisée pour le TGV depuis le début, l’Auvergne, ne lance pas sa campagne également. En exergue, le temps gagné. Trois visuels à peine différents montrent un quai de gare et un message : « En TGV, vous pourriez déjà être… en Auvergne », ou encore : « … à Paris », « … à Lyon ». La région a également relancé sa pétition sur www.faisonsbougerleslignes.fr et créé sa page Facebook/oui-au-tgv-en-auvergne.