Fin 2016, c’est l’objectif visé par la métropole Nice Côte d’Azur (NCA) pour inaugurer la deuxième ligne de tramway de la ville, dite ligne ouest – est, qui sera partiellement en souterrain pour traverser le centre-ville. Alors que l’enquête publique s’est achevée le 20 janvier, après 5 550 visites et 1 256 contributions, la commission d’enquête vient de rendre son avis dans un rapport de plus de 1 000 pages : favorable, même s’il est assorti de trois réserves et de neuf recommandations. Le maire de la ville et président de NCA s’est empressé de préciser que toutes les mesures seraient prises pour lever ces réserves et prendre en compte les recommandations. « La ligne ouest – est est le lien qui crée la cohérence entre tous les projets et dont la plupart sont déjà en cours de réalisation, et notamment le prolongement de la ligne 1 de Pont-Michel à Pasteur [qui doit être opérationnel au printemps 2013, ndlr], a-t-il expliqué. Désormais chaque quartier sera desservi. »
La première des réserves concerne la station du port : le terminus en surface proposé sur la place Ile-de-Beauté a fait l’objet de nombreuses remarques. Le commissaire-enquêteur suggère de le remplacer par un terminus quai Cassini, après une arrivée du tram en souterrain, afin de « préserver la cohésion du quartier des antiquaires ». La ville et la métropole y voient des avantages : un maintien de la desserte du port, la préservation de son fonctionnement et de ses activités, tout en ayant un impact réduit sur la circulation. Christian Estrosi, le maire (UMP), s’est donc engagé à remplacer la solution initiale par celle de l’enquête publique. Le coût supplémentaire est de plus jugé « acceptable : 12 millions d’euros, soit moins de 2 % du coût global, ce qui ne modifie pas l’économie générale du projet », est-il précisé.
Cependant, les professionnels du port commencent déjà à argumenter. Techniquement « discutable », selon Thierry Voisin, président de Nice Union maritime, interrogé par Nice Matin, qui estime que le quai ne sera pas suffisamment large pour le tram, les voitures, le trottoir et le quai pour les bateaux, le projet lui paraît « économiquement dangereux ». Selon lui, « les yachts qui s’amarrent au fond du port vont se retrouver en première ligne, nez à nez avec le tram. Ils risquent tout simplement de partir. »
Deuxième réserve, qui est également déjà levée : l’ajout d’une station intermédiaire au niveau de l’église Sainte-Hélène, afin de desservir l’Urssaf, l’hôtel Radisson, l’école et l’église. Dernière réserve, enfin, la création d’une commission d’indemnisation et d’accompagnement pendant toute la durée des travaux, à laquelle la mairie s’engage, en évaluant son coût entre 5 et 7 millions d’euros (sachant qu’il lui en avait coûté 13 millions d’euros pour la ligne 1).
Côté recommandations, la commission d’enquête demande ici ou là : l’élargissement de trottoirs ; davantage d’aires de stationnement ou d’arrêts-minute ; la réorganisation du réseau de bus près de la gare de Riquier et la création d’une navette entre celle-ci et le port ; la conservation de la halle des sports ; une concertation sur l’aménagement de l’espace urbain sur l’axe Cassin – Californie ; ou encore la transformation du parking des Bosquets en parc-relais. Autant de suggestions que le président de la collectivité locale s’engage à prendre en compte dans la réalisation du projet. Le conseil métropolitain devra maintenant délibérer de ces propositions courant avril, pour ensuite demander la déclaration d’utilité publique au préfet des Alpes-Maritimes.
La future ligne permettra de relier le quartier du port de Nice à l’aéroport Nice Côte d’Azur et au centre administratif en moins de 30 minutes. 210 000 emplois ou résidents se trouveront à moins de 500 m d’une station, et le projet est conçu pour transporter à terme 200 000 voyageurs par jour. « Sur l’axe Californie – Promenade, actuellement saturé, le tramway permettra d’augmenter l’offre de transports en commun, pour passer de 70 000 à 105 000 personnes transportées quotidiennement », estime-t-on à NCA.
Dès l’ouverture, la ligne bénéficiera des nouvelles rames allongées à 44 m, d’une capacité de 300 personnes. Christian Estrosi estime aussi que le tramway contribuera à « rendre la ville plus belle, en valorisant son environnement et son patrimoine », ne serait-ce que parce que la plateforme formera un ruban de gazon et que 2 400 nouveaux arbres seront plantés. De plus, l’axe ouest – est étant actuellement saturé de trafic automobile, la collectivité estime pouvoir ainsi supprimer l’entrée quotidienne de 20 000 voitures dans Nice, soit une baisse de plus de 5 % du trafic et de 15 % de la pollution atmosphérique. L’accent sera mis sur l’intermodalité avec la création de quatre pôles d’échanges et l’implantation systématique de stations Vélo Bleu à proximité de la ligne. Les quatre parcs-relais créés représentent 1 250 places, correspondant à un solde positif de 850 places compte tenu des suppressions sur l’axe tramway. Coût du projet : 758,7 millions d’euros (valeur décembre 2009), dont 160 millions d’euros attendus de subventions (Etat et conseil général). Après la ligne 1, c’est la 2e pierre à l’édifice planté par le schéma des transports d’octobre 2009, qui doit permettre de réduire de 30 % les émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030.
Cécile NANGERONI
Calendrier
Depuis juillet 2010 : les sondages géotechniques sont en cours
Décembre 2011-janvier 2012 : enquête publique
1er semestre 2012 : premiers travaux de diagnostics archéologiques au niveau des futures stations
2d semestre 2012 : début des travaux de terrassement des stations (puis septembre 2013 : arrivée du tunnelier à Nice et premier percement du tunnel à l’automne 2013
Fin 2013 : fin des travaux de surface au niveau des stations enterrées
Mi-2014 : lancement des travaux de surface sur la partie aérienne du tracé
Fin 2016 : mise en service
Des rames allongées
15 rames de tramway de 33 m vont être allongées à 44 m d’ici la fin 2012, pour une mise en service fin 2013, afin d’augmenter leur capacité de 200 à 300 personnes. La première rame a été allongée par Alstom à Aytré et devait arriver à Nice le 30 mars. La rame sera réassemblée pour passer les essais de « série » pendant 5 000 km, afin de mesurer sa performance et son endurance. Après étude du processus industriel, 14 autres rames devraient être rallongées dans le dépôt de maintenance des rames de Lignes d’Azur.
Nice renouvelle sa convention sécurité
Le contexte ayant évolué avec l’arrivée du tram, en 2007, et la hausse corrélative du trafic annuel, passé de 34 millions en 2005 à 66,5 millions en 2011, la ville de Nice a souhaité renouveler sa convention sécurité de 2006, bien qu’elle coure jusqu’en 2014. Signée avec la préfecture de police des Alpes-Maritimes le 19 mars, elle doit permettre d’assurer une continuité du service, « jamais interrompue par des problèmes de sécurité », a souligné le maire UMP de la ville, Christian Estrosi.
Trois communes en sont aussi partenaires – Cagnes-sur-Mer, Saint-Laurent-du-Var et La Trinité –, et chacune de leur police municipale a intégré dans ses missions la surveillance du réseau de transports. « La convention sécurité produit des effets significatifs si j’en juge les résultats : les incidents sont en baisse, et notamment les agressions de conducteurs de tram et de bus, malgré l’augmentation du trafic et des voyageurs, a précisé Christian Estrosi. Le nombre d’incidents est passé de 1,2 pour 100 000 voyageurs en 2008 à 0,8 en 2011. »
Le délégataire actuel, la ST2N (Veolia Transdev), dispose de plus de 60 agents affectés à la sécurité et au contrôle de Lignes d’Azur, soit 10 de plus depuis 2008. Car « la sécurité ne se limite pas à la voie publique, elle doit aussi prévaloir dans les transports, qu’empruntent chaque jour plus de 200 000 concitoyens ».
Pivot du dispositif : la commission de sécurité qui se réunit chaque mois autour de tous les partenaires (police et gendarmerie nationales, police municipale, collectivités, l’exploitant de Lignes d’Azur). A titre d’exemple, grâce à 3 500 patrouilles, la police municipale a procédé à plus de 100 interpellations dans les transports collectifs urbains l’an passé. Par ailleurs, les contrôleurs participent au dispositif : en trois ans, le taux de contrôle est passé de 3 % à presque 5 % ; le nombre de PV de 17 000 à 50 000 et le taux de fraude a perdu 10 %. Mais « rien n’est jamais acquis, a reconnu le premier magistrat de la ville. C’est pourquoi, en signant cette convention, nous voulons renforcer nos moyens et encourager un dispositif qui fonctionne bien ».
C. N.