Le constructeur ferroviaire tchèque Škoda a récemment manifesté son intérêt pour un partenariat avec son homologue espagnol Talgo, selon une source madrilène du 16 juillet. Cette révélation intervient alors que Talgo est déjà la cible d’une offre publique d’achat (OPA) de 100 % de ses actions par l’industriel hongrois Ganz-Mávag, lancée le 7 mars dernier.
L’approche de Škoda semble se distinguer par une vision plus large, englobant non seulement les aspects commerciaux et industriels, mais aussi une potentielle intégration industrielle. Contrairement à Ganz-Mávag, qui propose cinq euros par action pour une valorisation globale de 620 millions d’euros, Škoda n’a pas encore formulé d’OPA concurrente ni proposé une valorisation différente.
Talgo, intrigué par cette démarche, attend des détails supplémentaires de la part de Škoda, qui pourrait envisager une fusion. Fondé au début du XXe siècle à Plzeň, le groupe Škoda s’est depuis diversifié en plusieurs entités, l’automobile ayant été reprise par Porsche. Škoda Transportation, désormais indépendante, est un acteur majeur en Europe centrale et orientale pour la fourniture de locomotives et de tramways. En 2020, Škoda avait également été candidate à la reprise de l’usine alsacienne de Reichshoffen, finalement acquise par l’espagnol CAF.
Actuellement, Talgo ne souffre ni de problèmes de trésorerie ni de manque de commandes. Au contraire, la société peine à honorer ses contrats, ce qui entraîne des retards dans la livraison de rames Avril pour Renfe et de trains complets pour la DB allemande et le DSB danois. Cette situation est perçue comme une opportunité par Ganz-Mávag et Škoda, qui se proposent de renforcer les capacités industrielles de Talgo.
Le gouvernement espagnol, quant à lui, s’oppose à une OPA totale sur Talgo, considéré comme un fleuron de l’industrie ibérique. Depuis mars, il tente de bloquer cette acquisition en entrant dans le capital de Tritlantic, le principal actionnaire de Talgo, via son outil financier SEPI, jusqu’à 29,9 %. Les manœuvres devraient se poursuivre tout au long de l’été.
Michel Garicoix