Le projet de réouverture de la liaison ferroviaire entre Pau, en France, et Saragosse, en Espagne, via le tunnel du Somport, est un véritable défi logistique et technique. Bien que les trains circulent entre Pau et Bedous depuis 2016, le tronçon de 33,2 km entre Bedous et le tunnel reste à reconstruire, avec des rampes à 4 %.
Mise en service en 1928, cette ligne fut l’une des premières à être électrifiées. Sa réouverture complète nécessiterait des travaux majeurs : mise au gabarit de plusieurs tunnels, reconstruction du viaduc de l’Estanguet, réhabilitation de divers ouvrages d’art, électrification totale de la ligne côté français (93 km), modernisation des passages à niveau, installation de la signalisation ERTMS pour une circulation fluide entre la France et l’Espagne, et création d’une halte ferroviaire. La réouverture est envisagée pour 2032.
« C’est un projet de longue haleine, mais nous avons bon espoir qu’il aboutisse », déclarent Alain Cazenave-Piarrot et Jean-Luc Palacio du Creloc, une association qui milite depuis 1986 pour la réouverture de la ligne, aux côtés de son homologue espagnol, le Crefco.
Le 6 mars, le Creloc a été reçu à Matignon par le cabinet du Premier ministre. « Nous avons pu présenter nos arguments et avons reçu l’assurance que nos demandes seront enregistrées », indiquent les représentants du Creloc.
Les élus Frédérique Espagnac et Iñaki Echaniz ont souligné les avantages économiques, sociaux, de sécurité et environnementaux du projet. Ils ont mis en avant la forte demande des industriels béarnais pour le fret ferroviaire, notamment pour Lindt et Safran. Côté espagnol, les chargeurs de céréales et l’usine Opel à Saragosse sont également concernés. Le transport de matières dangereuses, actuellement par camion, pourrait aussi bénéficier de cette liaison ferroviaire.
Selon SNCF Réseau, le dossier d’enquête publique pourrait être déposé l’été prochain, avec une déclaration d’utilité publique obtenue début 2026. Les travaux commenceraient en 2027, permettant une remise en service en 2032.
Le Creloc et le Crefco regrettent que le gouvernement français ne s’engage pas davantage, se référant aux conclusions du Comité d’orientation des infrastructures (COI) qui minimise l’importance de la liaison. Ils estiment que sans une initiative forte de Paris, l’engagement de l’Europe, de l’Espagne, de l’Aragon et de la Nouvelle-Aquitaine ne suffira pas à financer la remise en service des 33 km restants, ni la modernisation et l’électrification nécessaires. Ils demandent une déclaration forte du gouvernement français, un pourcentage de participation de l’État français aux travaux, et l’inscription de la réouverture au programme du prochain sommet franco-espagnol.