Les sondages prédisent une victoire confortable pour le parti travailliste aux élections générales britanniques du 4 juillet, après 14 ans de majorité conservatrice. Cependant, les Travaillistes ne prévoient pas de bouleverser radicalement la situation actuelle au Royaume-Uni, mais plutôt de la réorienter en privilégiant la compétence à l’idéologie.
Cette approche est particulièrement visible dans le secteur ferroviaire en Grande-Bretagne, qui inclut l’Angleterre, le Pays de Galles et l’Écosse, mais pas l’Irlande du Nord. En résumé, l’opposition actuelle vise à renationaliser les transports de voyageurs sur rail d’ici la fin de la prochaine législature de cinq ans, sans jamais utiliser le terme de « nationalisation ».
Le système des franchises en déclin
Le système des franchises, qui associait la délégation du service public ferroviaire à des exploitants privés, a montré ses limites depuis la pandémie. La fréquentation a chuté, entraînant une baisse des recettes. Bien que les voyageurs soient revenus, les trains sont souvent critiqués pour être surchargés, chers, en retard et fréquemment en grève.
Les Travaillistes ne sont pas les premiers à proposer une réforme ferroviaire. Boris Johnson avait déjà annoncé une réforme il y a quatre ans, mais les changements promis par les Conservateurs, autour d’un organisme nommé Great British Railways (GBR), n’ont pas encore été mis en œuvre. Les franchises ont été remplacées par de simples contrats au fur et à mesure des échéances de renouvellement.
Des franchises déjà nationalisées
Certaines anciennes franchises ont déjà été nationalisées ces dernières années. Par exemple, les franchises LNER en 2019, Northern en 2020, Southeastern en 2021 et Transpennine Express en 2023 ont été reprises par un opérateur public de dernier recours. Au Pays de Galles et en Écosse, la dévolution de l’organisation des transports a permis aux gouvernements locaux de prendre le contrôle de l’exploitation des trains de voyageurs.
La nationalisation progressive proposée par les Travaillistes s’inscrit dans la ligne des annonces faites en 2022. Ils veulent mettre enfin sur les rails l’organisme Great British Railways, mais avec un rôle plus étendu que celui envisagé par les Conservateurs. GBR remplacerait les exploitants actuels au fur et à mesure que les contrats actuels se terminent, avec une certaine autonomie vis-à-vis du gouvernement.
Une nationalisation en douceur
La nationalisation se limiterait à la reprise par GBR des contrats d’exploitation des trains de voyageurs. Les trains de voyageurs en open access et les trains de fret pourraient continuer à opérer librement. Les entreprises propriétaires du matériel roulant ne seraient pas nationalisées, laissant le secteur privé acheter les trains nécessaires.
Cette nationalisation en douceur serait très différente de celle de 1948, qui avait mis l’ensemble des moyens de transport sous le contrôle de la British Transport Commission. Les Travaillistes veulent simplement refermer une période de plus de trois décennies durant laquelle le rail britannique a fait beaucoup parler de lui.
P. L.