Les CFF, en partenariat avec Alstom, ont récemment mené des essais de téléconduite d’une locomotive Aem 940 sur le site de Zurich Müllingen. Cet ancien triage, fermé en 2014 par CFF Cargo et réutilisé depuis par CFF Voyageurs, a servi de terrain d’essai pour des tests inédits en Europe. Ces essais, réalisés dans un environnement ouvert, ont permis de valider la faisabilité de l’exploitation automatisée (ATO GoA4) pour déplacer un convoi en détresse vers une zone de remisage adaptée.
Le système utilisé, développé par Alstom, comprend un pupitre de commande déporté manipulé par 24 collaborateurs des divisions Infrastructure, Cargo et Voyageurs des CFF. Les écrans vidéo associés ont permis de visualiser en temps réel le parcours, les signaux et les obstacles grâce à des caméras embarquées sur la locomotive, avec une redondance assurée par la connectivité 4G/5G de deux fournisseurs publics. Malgré l’automatisation, un conducteur et un responsable d’essai étaient présents à bord pour garantir la sécurité opérationnelle, avec une vitesse maximale autorisée de 30 km/h.
Au-delà de la démonstration technique, l’accent a été mis sur le ressenti et l’interaction des utilisateurs avec le système. Les commentaires recueillis, variés mais précieux pour les développements futurs, ont permis d’évaluer le facteur humain. Le DLR (Deutsches Zentrum für Luft- und Raumfahrt) a étudié l’impact de ce facteur et la manière dont les participants se sont projetés dans la réalité durant les tests, fort de son expérience en exploitations automatisées.
Les CFF soulignent que l’introduction de trains autonomes de voyageurs n’est pas une priorité immédiate. Cependant, ils envisagent l’utilisation de la télécommande pour des chantiers nécessitant des mouvements courts et peu nombreux, ou pour le garage et le dégarage des rames voyageurs. Cette option pourrait faciliter les prises et fins de service des conducteurs, tout en réduisant les risques dans les faisceaux. Toutefois, de nombreux développements techniques et adaptations réglementaires sont encore nécessaires avant toute application concrète.
La démarche des CFF, menée dans le cadre du programme Horizon-Europe \ »Europe’s Rail Innovation Pillar\ », est actuellement exploratoire. L’entreprise cherche à clarifier le cadre normatif européen et à acquérir des compétences en interactions homme-machine. Les rapports intermédiaires et finaux seront mis à disposition de l’Office fédéral des transports (OFT) et serviront à spécifier les exigences suisses en matière de commande à distance, contribuant ainsi à la définition des normes européennes.
L’agenda \ »ATO\ » des CFF prévoit à court terme des essais d’accélération et de freinage automatisés en transport de marchandises (2025), de démarrage automatique des trains (2024/2025) et d’assistance à la perception de la signalisation et des obstacles (2024/2025).