La SNCF se joint aux célébrations du 100e anniversaire de la mort de Marcel Proust, survenue le 17 novembre 1922, en diffusant sur sa chaîne Youtube une vidéo sur le lien qu’entretenait l’écrivain avec le chemin de fer. Un train était pour lui le lien entre le connu et l’inconnu, Paris et la Normandie, Paris et la Beauce, où réside la famille de son père.
Construit à partir d’images d’archives qui restituent l’ambiance ferroviaire dans laquelle Marcel Proust évoluait, ce film d’une quinzaine de minutes a été coécrit par Antoine de Rocquigny, secrétaire général de SNCF Voyageurs, et Juliette Bot de la société Magneto qui a également signé la réalisation. Des extraits « ferroviaires » de A la recherche du Temps perdu sont lus par l’écrivain Nicolas Mathieu, prix Goncourt 2018 avec son roman Leurs enfants après eux. Ainsi, le romancier revient sur la place prise, dans la vie du narrateur de A la recherche du temps perdu, par la gare Saint-Lazare, porte sur Balbec – le double de Cabourg – et par le réseau des Chemins de fer de l’Ouest :
« Malheureusement ces lieux merveilleux que sont les gares, d’où l’on part pour une destination éloignée sont aussi des lieux tragiques… Il faut laisser toute espérance de rentrer coucher chez soi, une fois qu’on s’est décidé à pénétrer dans l’antre empesté par où l’on accède au mystère, dans un de ces grands ateliers vitrés, comme celui de Saint-Lazare où j’allais chercher le train de Balbec et qui déployait au-dessus de la ville éventrée un de ces immenses ciels crus et gros de menaces amoncelées de drame, pareils à certains ciels, d’une modernité presque parisienne, de Mantegna ou de Véronèse et sous lequel ne pouvait s’accomplir que quelque acte terrible et solennel comme un départ en chemin de fer ou l’érection de la Croix. »
Le train est pour Marcel Proust le trait d’union vers un ailleurs, un billet pour l’imaginaire. Les trains grandes lignes, mais aussi les petites lignes irriguent la campagne : « J’allai prendre le petit chemin de fer d’intérêt local dont j’avais, par Albertine et ses amies, appris autrefois tous les surnoms dans la région, où on l’appelait tantôt le Tortillard à cause de ses innombrables détours, le Tacot parce qu’il n’avançait pas, le Transatlantique à cause d’une effroyable sirène qu’il possédait pour que se garassent les passants, le Decauville et le Funi, bien que ce ne fût nullement un funiculaire mais parce qu’il grimpait sur la falaise ».
Accessible gratuitement sur le site https://patrimoine.sncf.com/ ou sur la chaîne Youtube du groupe SNCF.
? Cet article est tiré du numéro 3909 de La Vie du Rail.
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