En Dordogne, la gare de Niversac, construite en brique avec des colombages ornant les murs, demeure l’unique exemplaire d’une architecture voulue à l’époque par la Compagnie du chemin de fer Paris-Orléans (PO) et constitue un véritable musée ferroviaire à ciel ouvert. Mise en service en 1860, elle est située à l’entrée des lignes Périgueux – Brive et Périgueux – Agen sur la commune de Boulazac- Isle-Manoire. La commune souhaite y installer une ancienne voiture voyageurs, la B9-54650, après l’avoir fait transformer en voiture bar-restaurant d’une vingtaine de couverts. Cette voiture 3e classe Ocem (Office Central d’Etudes de Matériel des chemins de fer) fut construite en 1929 pour la Compagnie du chemin de fer de Paris à Lyon et à la Méditerranée (PLM) par l’entreprise De Dietrich.
Une rénovation intégrale
Ce matériel a été réformé dès la fin des années 1970. La B9-54650 a d’abord été achetée à la SNCF par la Citev, exploitant du Train à vapeur des Cévennes, avant de rejoindre le Conservatoire Ferroviaire des Territoires Limousin-Périgord (CFTLP), une association d’envergure basée à Limoges. « Nous avions le projet de rénover la voiture », raconte Nicolas Gayot, bénévole du CFTLP, spécialisé dans le matériel remorqué, wagons et voitures voyageurs. « Elle était remisée sur une voie de garage, à proximité d’une banlieue assez sensible. En l’espace de quinze jours, la voiture a été vandalisée et taguée. Mais à l’époque, nous n’avions pas les moyens pour financer sa restauration, car notre budget était principalement dédié à l’emblématique locomotive à vapeur 140 C 38. » (aujourd’hui, la 140 C 38 a reçu l’agrément pour rouler sur le réseau ferré national-NDLR). « En 2020 », reprend Nicolas Gayot, « la mairie de Boulazac- Isle-Manoire nous a indiqué qu’elle était à la recherche d’une voiture voyageurs SNCF pour en faire un bar-restaurant sur le site réaménagé de la gare de Niversac. » Affaire conclue ! La voiture a été restaurée à Angoulême : dépose des aménagements intérieurs, démontage de huit compartiments, le neuvième étant restauré dans le style PO d’origine, comme en témoignent les aménagements : portes-bagages, dossiers des banquettes et des sièges, assises en cuir, porte du compartiment en bois vernis… Puis, ce fut les étapes du désamiantage, du grenaillage complet de la caisse et du sous-caisse, de reprises de chaudronnerie, de la mise en peinture.
Le nouveau bar-restaurant qui ouvrira à Niversac
Il ne reste plus qu’à faire les marquages historiques sur la caisse. Aujourd’hui, c’est l’architecte Bernard Chinours (agence Souvenir d’un futur), basé à Boulazac, qui se charge de la conception du futur bar-restaurant. Vingt convives pourront être accueillis sur place. Une dizaine d’entreprises locales seront amenées à intervenir sur ce chantier particulier. Au final, la B9-54650 aura bénéficié d’une reconversion réussie au lieu de partir à la ferraille comme ce fut le cas pour tant d’autres…