Si Lyon possède actuellement six gares SNCF (sept si l’on compte la gare TGV de Lyon-Saint-Exupéry), la capitale des Gaules en a connu jusqu’à 10. Quatre d’entre elles ont été fermées : Lyon- Croix-Rousse, Lyon-Est, toutes les deux détruites, Lyon-Saint-Clair, et la plus grande d’entre elles Lyon-Brotteaux. C’est la gare historique de Lyon. Elle conserva ses activités de « gare » jusqu’en 1983 et son remplacement par la gare de la Part-Dieu, située à près de 700 m de là, une infrastructure jugée plus à même d’accueillir le tout nouveau TGV. De 2002 à 2006, elle est complètement rénovée. Aujourd’hui, la vieille gare est devenue un lieu de rencontre pour les Lyonnais qui viennent y profiter de l’ambiance ferroviaire dans les restaurants et les bars qui y ont élu domicile. Mais, cette gare raconte également une autre histoire, relatée dans cet épisode de l’émission Invitation au voyage.
A partir de 1915, la France et l’Allemagne alors en plein conflit armé organisent des échanges de prisonniers de guerre. Seule condition requise : les prisonniers doivent être dans l’impossibilité de reprendre un jour les armes. Amputés et blessés graves, mais aussi – surtout à partir de 1917 – des hommes qui souffrent de problèmes psychiques profonds. Les trains qui transportent ces hommes passent par la Suisse, un pays neutre et nombre d’entre eux ont pour destination finale la gare de Lyon – Brotteaux. Le 1er février 1918, un de ces convois dépose sur un quai de la gare quelques centaines de ces rescapés des tranchées. Mais l’un d’eux erre sans but dans la gare. Sans papiers ni plaque militaire, le soldat est incapable de répondre aux questions qu’on lui pose : il est revenu du front amnésique et traumatisé. On croit comprendre qu’il se nomme Anthelme Mangin, mais sans aucune certitude. Il est bientôt interné en asile.
La presse va entreprendre de retrouver les proches du mystérieux soldat inconnu vivant en diffusant son portrait. Il n’est pas seul dans ce cas, mais progressivement la plupart de ces soldats inconnus retrouvent une identité. Pas lui. Pendant des années, des centaines de familles vont reconnaître en lui un frère, un père, un fils disparu. Ce n’est qu’en 1934 que sa véritable identité est enfin retrouvée…
Jeudi 26 janvier à 17 h 25 sur Arte. Invitation au voyage – À Lyon, un soldat inconnu reste à quai. Émission présentée par Linda Lorin. ARTE France, Éléphant
? Cet article est tiré du numéro 3920 de La Vie du Rail.
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