1 – Serge Gainsbourg. Le Poinçonneur des Lilas
Sorti en 1958, ce titre est le premier succès de Gainsbourg et deviendra l’un de ses standards les plus connus. À l’époque, Gainsbarre n’existe pas encore. Tout le monde connaît l’histoire de ce poinçonneur, « ce gars qu’on croise et qu’on ne regarde pas ». Elle raconte la solitude, l’asservissement du travailleur, le rêve d’une vie différente, vécue sous un autre ciel que celui des faïences du métro.
Il existe une parodie, sortie par Gainsbourg en 1966, mais qui n’a pas rencontré le même succès : Le Fossoyeur de Pacy-sur- Eure. Retraité, le poinçonneur est devenu fossoyeur. Il fait toujours des trous, mais cette fois-ci, ils sont un peu plus grands.
La mairie des Lilas (93) a récemment soumis l’idée de nommer Les Lilas-Serge- Gainsbourg une future station du prolongement de la ligne 11 qui devrait voir le jour en 2019. Preuve que cette chanson a marqué durablement les esprits.
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2 – Henri Salvador. Twist SNCF
En 1962, Henri Salvador nous livre ce twist décapant où il nous raconte les joies des trajets en voitures-couchettes. Parti probablement faire la fête à Saint-Tropez, c’est malheureusement au commissariat qu’il finira son voyage : « Oh, le lendemain matin lorsque je suis arrivé – Je me suis aperçu que j’avais perdu mon billet – J’ai eu beau protester, pleurer, hurler, supplier – Toutes mes vacances c’est en prison que je les ai passées – Oh Oh Twist SNCF. » Le titre, présent sur son album Le Lion est mort ce soir, s’appuie sur deux grandes qualités de Salvador : le rythme et l’humour.
Salvador connaîtra un vide dans les années 1980-90, avant de renouer avec le succès en 2000 avec l’album Chambre avec vue, écrit notamment par Benjamin Biolay. Il décèdera quelques années plus tard, en 2008.
3 – Édith Piaf. Le Métro de Paris
La Môme nous emmène avec elle dans le métro et nous fait découvrir la frénésie des transports publics parisiens. Sur une musique du Québécois Claude Léveillée, l’interprète de La Foule nous rend encore une fois agoraphobe avec Le Métro de Paris. Ces deux chansons ont d’ailleurs été écrites par le même auteur, l’immense Michel Rivgauche. Aspiré par la masse des autres voyageurs, il semble autant noyé par « Des midinettes qui trottinent, Des ouvriers qui cheminent, Des dactylos qui se pressent, Des militaires qui s’empressent, Des employés qui piétinent, Des amoureux qui butinent » que fasciné par cette « Basilique fantastique ».
Piaf a également chanté les trains grandes lignes, notamment avec Paris-Méditerranée.
4 – Barbara. Gare de Lyon
Barbara a chanté la Gare de Lyon en 1964. Pour la créatrice de L’Aigle noir, la gare est la promesse de fuir un Paris dont elle dit « Paris, sous la pluie – Me lasse et m’ennuie, – La Seine est plus grise – Que la Tamise. ». La gare est pour elle une porte sur l’Italie, sur le soleil et sur l’amour, puisqu’elle a rendezvous « À la gare de Lyon, Sous la grande horloge, Près du portillon. » On ignore si elle parvient à son rendez-vous, si elle a la chance de découvrir la Dolce Vita de la « belle Capri, d’avant la saison ». L’important n’est pas ici l’arrivée, mais bien le départ.
5 – Richard Anthony. J’entends siffler le train
Dans l’imaginaire collectif, le quai de gare est le lieu des adieux. Richard Anthony l’a bien compris et son plus grand tube, J’entends siffler le train, est devenu l’hymne yéyé des adieux ferroviaires. Le succès est immédiat : ce titre, sorti en 1962 restera en tête du hit-parade 22 semaines. Aujourd’hui encore, pour toute une génération, ce morceau aiguise le souvenir de langoureux slows lors de surprises-parties du jeudi après-midi et des premiers émois amoureux.
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6 – Tom Novembre. La Vie du rail
« Aïe, aïe, la vie dure – Dure, dure, la vie duraille – À pied, à cheval ou en voiture – En route pour de nouvelles aventures. » Les lecteurs anciens de La Vie du Rail connaissent peut-être déjà ce refrain, s’ils nous ont appelés il y a quelques années. Cette chanson de Tom Novembre permettait d’adoucir l’attente sur le répondeur téléphonique du journal. Le chanteur-acteur-touche-à-tout a sorti ce titre en 2002 sur l’album Bande de pions. À cette occasion, l’artiste confiait à La Vie du Rail à propos du train : « Quelle que soit la vitesse du train et ce qui se passe dehors, il y a toujours une espèce de musique qui existe à l’intérieur, c’est aussi pour ça que j’aime bien le train. »
7 – Rita Mitsouko. Le Petit Train
Comme souvent chez les Rita
Mitsouko, à l’instar de leur hit Marcia Baila, le rythme entraînant de cette
chanson tranche avec la gravité du sujet. Car ce « petit train » est un train
de la mort, un convoi qui emmène les déportés vers les camps de concentration
nazis. Un sujet qui touche particulièrement la chanteuse Catherine Ringer dont
le père, Sam Ringer, a lui-même été déporté en 1940 dans les camps de la mort.
Sorti en 1988, sur l’album Marc & Robert, ce titre
rencontre le succès, notamment grâce à son clip, complètement décalé, qui dans
une ambiance festive de film de Bollywood des années 1970, s’assombrit au fur
et à mesure que l’on comprend quel terrible terminus rejoint ce petit train. Un
terminus sans retour possible.
8 – Eddy Mitchell. Nashville ou Belleville
Eddy Mitchell,
alias Claude Moine, exprime à travers cette chanson toute la dualité de ses
références. Nashville, capitale de la musique country, ou Belleville, quartier
symbole d’un Paris populaire : le chanteur hésite.
Sorti en 1984 sur Racines, le 23e album studio de l’artiste,
un disque tourné vers le souvenir, le titre joue la carte de la nostalgie de
l’enfance : « Maman et moi – On rentrait en métro – Station Opéra – Direction
Lilas – Nostalgie facile – Mais swing pas terrible – Où sont mes racines ? –
Nashville ou Belleville ? » Au passage, la chanson vous donne toutes les
informations utiles pour vous rendre place des Fêtes. Pratique si vous désirez
rejoindre le quartier où Eddy Mitchell singeait James Dean.
9 – Mano Solo. Métro
Mano Solo, l’écorché vif qui a toujours
promené son désespoir dans les rues de Paris, ne pouvait pas passer à côté du
métro. Dans cette chanson sortie en 2000 sur l’album Dehors, il
raconte l’histoire de deux solitudes. « Les deux métros sont arrivés dans leur
éternel chassé-croisé – Dans leur voiture derrière les glaces ils retrouvèrent
leur face à face – Mais le regard qu’ils se sont lancé a vite rebondi sur leurs
chaussures – Dans le bruit des portes fermées ils ont repris leur pâle figure. » Une situation courante dans le métro parisien !
10 – Art Mengo. Le Chef de gare
Le discret Art Mengo chante
ici une histoire d’amour impossible. Celle d’un chef de gare de banlieue avec
une « voyageuse imaginaire ». Cet amour devient une fixation, et le travail de
l’agent s’en ressentant, il est à deux doigts du licenciement. Pourtant, sa
voyageuse finit par descendre du train. Elle est « belle comme une pluie dans
le désert ». Puis, ils partent « comme deux vieux amoureux – Dans la douceur
d’un chemin creux – Vers des pays un peu plus bleus – Où l’on ne sait rien des
horaires. »
Samuel DELZIANI