Thales a remporté en décembre un important contrat pour installer son système de contrôle-commande des trains par télécommunications (CBTC) dans le futur métro d’Hyderabad. Un succès qui pourrait lui ouvrir d’autres portes en Inde, où les perspectives sont prometteuses.
Avec une quinzaine de projets de métro dans les cartons ou dans les starting-blocks, l’Inde fait rêver les entreprises françaises. Parmi les projets les plus avancés, la construction du métro d’Hyderabad, capitale de l’État d’Andhra Pradesh, dans le sud de l’Inde, sixième métrople du pays avec ses 6,8 millions d’habitants, a attiré des entreprises du monde entier, notamment pour les marchés de la signalisation et des télécommunications. Dans ce domaine, c’est Thales qui a été retenu. Le 11 décembre, le groupe français a signé un contrat avec la multinationale indienne Larsen & Toubro (L&T, intervenant notamment dans l’ingénierie et la construction) pour équiper le futur métro de son système de communication et de supervision (ICS, permettant la transmission de données, l’info-voyageurs, la vidéosurveillance, la détection d’intrusion ou le système d’enregistrement vocal…) et de son dispositif de contrôle-commande des trains par télécommunications (CBTC pour Communication-Based Train Control). « C’est la première fois que notre système CBTC sera utilisé en Inde », se félicite Jean-Pierre Forestier, vice-président des systèmes transport de Thales. « Les esprits étaient mûrs pour accepter cette technologie qui va permettre d’augmenter la capacité du métro. » Le système CBCT permet en effet d’abaisser à 90 secondes environ l’intervalle entre deux trains. En conséquence, la fréquence des circulations pourra être accrue de 20 %. Un argument qui a fini par faire mouche dans un pays où les besoins de mobilité sont en forte hausse et dont la population (plus de 1,2 milliard d’habitants) augmente vite (181 millions d’habitants de plus en dix ans).
Pour installer ces équipements, Thales explique qu’il va s’inspirer des systèmes de télécommunications et de supervision qu’il a déjà mis en place dans les métros de Delhi, Bombay, Bangalore et Jaipur. Le dispositif sera déployé à Hyderabad en plusieurs étapes sur les trois lignes du métro. Les trains, qui circuleront automatiquement à 30 km/h, auront à bord un « conducteur » dont la fonction consistera principalement à s’assurer de la fermeture et de l’ouverture des portes. Pour Thales, ce contrat représente plus de 100 millions d’euros, alors que le coût total du projet de métro (72 km, 66 stations) atteint 3 milliards de dollars. Le groupe français espère remporter d’autres contrats de ce type dans le pays. Il s’apprête à répondre à la consultation lancée par le métro de New Delhi qui veut s’équiper d’un nouveau système de signalisation. Les réponses des candidats devaient être déposées ce mois-ci.
Keolis exploitera le métro d’Hyderabad
Le métro d’Hyderabad cumule les superlatifs, selon ses promoteurs. Entre autres, assurent-ils, c’est le plus important projet de métro en PPP (partenariat public-privé) dans le monde. L’État d’Andhra Pradesh a retenu Larsen & Toubro Limited, qui a mis sur pied une société L&T Metro Rail (Hyderabad) Limited pour concevoir, construire, financer et exploiter l’infrastructure.
La construction du métro, d’un coût de 3 milliards de dollars, devrait être menée à vitesse grand V : cinq ans seulement sont prévus pour réaliser les 72 km de voies, essentiellement en aérien.
Une fois construit, à l’horizon 2017, ce métro sera exploité et maintenu par une compagnie française, Keolis. En mai dernier, la filiale de la SNCF a en effet remporté ce contrat d’un montant de 300 millions d’euros sur huit ans.
1,6 million de passagers sont attendus chaque jour. Mais ce ne sont pas les recettes apportées par les passagers qui permettront de rentabiliser les sommes investies : un ticket ne devrait valoir que quelques roupies pour ne pas dissuader l’utilisation des transports en commun dans un pays où leur part est faible face aux autres modes de transport et où un Indien sur trois vivrait avec moins de 28 roupies par jour (43 centimes d’euros). L&T MRHL compte sur des recettes annexes comme la publicité ou des ressources liées à des locations immobilières sur les terrains acquis autour de la ligne de métro. M.-H. P.
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