L’arrivée du TGV à La Rochelle, il y a dix-huit ans, a fait décoller la capitale de la Charente-Maritime. Qui est devenue bien plus qu’une simple destination touristique.
C’était en 1993. Cette année-là, La Rochelle a accueilli la 1re université d’été du parti socialiste. « Nous avions des équipements qui convenaient. Nous en avons ajouté pour la 2e édition. Au bout de deux fois, nous avons eu l’impression que les gens ne voulaient plus quitter La Rochelle », raconte Maxime Bono, le député-maire PS de la ville. En 1993, est aussi arrivé le TGV, ce qui a favorisé la pérennisation du rendez-vous des socialistes à La Rochelle. « En fin de saison, c’est un apport touristique. Sur le plan politique et médiatique, c’est déterminant en termes de notoriété », expliquait Maxime Bono, le 25 août dernier au Journal du dimanche.
Dix-huit ans après l’arrivée du TGV, les universités d’été du parti socialiste ne constituent qu’une des nombreuses manifestations qui ont pris racine, grâce à lui, à La Rochelle : les Francofolies, le Grand Pavois, etc. Le TGV a aussi développé le tourisme d’affaires, ce fut son effet le plus spectaculaire. Il a dopé le nombre d’exposants aux salons, multiplié les fréquentations. Avec deux grands lieux d’accueil, l’Encan, 10 000 m2 sur le Vieux-Port, et le forum des Perthuis, 2 000 m2 face à la mer, la ville accueille 250 conventions, séminaires, assemblées, forums, salons, congrès nationaux et internationaux par an. « Nous recevons 20 ou 2 000 personnes dans les meilleures conditions ! », clame sa communication. C’est ce qui l’a fait réagir quand le cadencement de décembre prochain a supprimé deux trains directs en provenance de Paris, l’un le vendredi soir, l’autre chaque matin, démarrant vers 10h et permettant aux Parisiens d’entrer en réunion à La Rochelle en début d’après-midi. « Celui-là, il était impensable qu’il disparaisse. C’était mettre à mal trop de manifestations », indique Maxime Bono. La SNCF l’a rétabli. La Rochelle est ainsi une des rares villes de France pour qui, dans le grand chamboulement du service de décembre, les retours de Paris comptent plus que les allers. « Sans le TGV, nous serions demeurés une cité balnéaire glissant vers la monoactivité touristique. Au lieu de cela, nous disposons d’un tissu économique bien plus complexe », indique Maxime Bono. Pour qui les allers vers Paris comptent aussi. La Rochelle compte 15 groupes industriels comme Alstom, Rhodia, qui continuent de se développer sur place en faisant voyager leurs cadres chaque semaine vers Paris en TGV. Paris à 2 heures 50 de TGV, à 2 heures 30 quand la LGV Sud-Europe-Atlantique a incité toujours plus d’entreprises parisiennes à s’y délocaliser. « Je rejoins l’Assemblée chaque mardi soir en compagnie, par exemple d’un grand nombre d’experts de l’industrie nautique qui visitent des clients parisiens dans la journée », raconte Maxime Bono. 12 000 emplois et 1 700 entreprises ont été créés dans les dix ans précédant la crise de 2008. L’agglomération s’enrichit de 1 000 nouveaux actifs chaque année. Elle approche les 150 000 habitants. Au final, elle reste en plein essor démographique dans une région, le Poitou-Charentes, plutôt en perte de population.