«Tous les jours, on tue le fret ferroviaire. » C’est ce qu’on pouvait lire sur les quelque 1 900 affiches apposées mi-février dans le cadre d’une campagne nationale lancée pour une semaine par le Comité central d’entreprise de la SNCF associé au comité d’établissement du fret. La campagne a déplu, tant du côté de l’entreprise que de celui de certains syndicats. Fait exceptionnel, la direction de la SNCF a assigné en référé le CCE et le CE fret pour atteinte à l’image. Mais elle a perdu, le tribunal de grande instance de Paris considérant le 2 mars qu’il n’y avait « pas lieu à référer ». Au contraire, « cette affiche participe au débat légitime », sur le sujet, a-t-il expliqué.
Pour certains syndicats, la CGT Cheminots qui domine le CCE serait la grande bénéficiaire de cette campagne de communication sur le thème du fret. « Je m’interroge sur le but de cette campagne, qui va être suivie le 10 mars par des manifestations en faveur du fret dans les gares de triages. Soit à 14 jours des élections professionnelles… », souligne Gilles Desfrançois, qui se dit « bafoué » d’être mis devant le fait accompli en tant qu’élu FO au CE Fret de la SNCF. « Les couleurs des affiches rappellent celles de la CGT », poursuit l’élu. C’est aussi le sentiment d’autres responsables syndicaux. « Nous sommes d’accord sur le fond, la défense du fret, mais à la veille des élections professionnelles, la période n’est pas des plus judicieuses. Le message des affiches n’est pas clair et ses couleurs, son montage, font surtout penser à la CGT », estime l’un d’eux.
Le Figaro du 23 février n’y va pas avec des pincettes. Il affirme que « la CGT s’offre une campagne de pub aux frais du CCE ». La CGT a vivement réagi le jour même. Thierry Nier, l’un de ses responsables, a indiqué à l’AFP que la campagne avait coûté environ 300 000 euros, financés légalement par « le budget de fonctionnement du CCE, et non sur le budget des activités sociales », comme le sous-entend l’article. Dans un communiqué, le syndicat indique qu’il se réserve le droit « d’ester en justice le journal Le Figaro pour diffamation ».